Mauvaise météo, vitesse trop basse, acte de terrorisme, selon les enquêteurs, il est encore trop tôt pour exclure une quelconque thèse. Les recherches se poursuivent pour retrouver les débris de l’Airbus A320 d’AirAsia
Monde (AirAsia) – selon l’AFP, au lendemain de sa disparition entre l’Indonésie et Singapour avec 162 personnes à bord, le sort du vol QZ8501 d’AirAsia demeurait inconnu. Voici les réponses de spécialistes du transport aérien à certaines des questions qui se posent. Les autorités indonésiennes ont estimé lundi qu’il était probable que l’Airbus A320-200 d’AirAsia Indonesia, filiale de la compagnie malaisienne à bas coût AirAsia, se trouvait « au fond de la mer ».
Quel a pu être l’impact du mauvais temps ?
Les contrôleurs du ciel ont perdu le contact avec l’appareil environ une heure après son décollage de l’aéroport international de Juanda à Surabaya, dans l’est de l’île de Java, à 5 h 35 (heure locale). Peu avant, l’équipage avait demandé l’autorisation de dévier de son plan de vol et survoler une zone d’orages. Pour Gerry Soejatman, consultant pour la compagnie de charters Whitesky Aviation, il est trop tôt pour savoir si le mauvais temps est « le facteur principal » de la disparition ou « juste un facteur contributif ». « Sur la base des informations à notre disposition, les pilotes ont dévié sur la gauche du plan de vol prévu et demandé l’autorisation de prendre de l’altitude », explique-t-il à l’AFP.
« Ils ont reçu le feu vert pour partir sur la gauche, mais il y a des indications que l’appareil aurait grimpé sans autorisation. Les pilotes auraient décidé de sauver l’appareil plutôt qu’attendre une autorisation. » Anthony Brickhouse, membre de la Société internationale des enquêteurs pour la sécurité aérienne, estime qu’il n’est pas « atypique » que des pilotes « tentent d’ajuster un plan de vol préprogrammé » en cas d’incident. « Les avions de ligne tentent en général d’éviter les orages autant que faire se peut pour que le vol soit plus confortable », ajoute-t-il.
L’appareil volait-il trop lentement au moment de sa disparition ?
Certains experts estiment, sur la foi de premières données radar, que l’appareil volait beaucoup trop lentement. « Nous ne pouvons que noter une similitude avec un autre accident célèbre, celui du vol AF447 d’Air France », écrit le blogueur David Cenciotti sur le site theavionist.com. Après le crash du vol AF447 d’Air France en juin 2009 lors d’un vol Rio de Janeiro/Paris, la perte de données transmises aux pilotes due au givrage des sondes de vitesse Pitot avait été pointée du doigt. Pour David Cenciotti, une faible vitesse peut aussi s’expliquer par la force du vent. « Si un appareil vole en dessous de la vitesse de décrochage, alors il tombe du ciel« , note Gerry Soejatman.
Peut-on exclure une attaque terroriste ou une tentative de détournement ?
Il est trop tôt pour exclure une quelconque hypothèse, estiment les spécialistes. « Ma formation d’enquêteur est de conserver sur la table toutes les hypothèses tant que les données ne les excluent pas », explique Anthony Brickhouse. « Pour l’instant, je n’ai rien vu qui laisse à penser à un acte criminel« , souligne-t-il cependant.
Pourquoi les autorités n’ont-elles capté aucun signal ?
Les appareils sont équipés de balises de détresse ou transmetteur de localisation d’urgence (Emergency Locator Transmitter, ELT) permettant de retrouver un appareil en cas d’accident, mais ceux-ci ne fonctionnent pas toujours. Les avions commerciaux possèdent aussi deux boîtes noires, appelées DFDR (Digital Flight Data Recorder) et CVR (Cockpit Voice Recorder). Le DFDR enregistre seconde par seconde tous les paramètres sur une durée de 25 heures de vol (vitesse, altitude, trajectoire, etc.). Le CVR conserve les conversations, mais aussi tous les sons et annonces entendus dans la cabine de pilotage.
Elles sont équipées d’une balise qui se déclenche en cas d’immersion et émet un signal à ultrason toutes les secondes. Mais sa portée n’est pas très grande. AirAsia ne « souscrit pas » au système ACARS (Aircraft Communication Addressing and Reporting System) qui permet d’échanger des informations entre l’appareil en vol et le centre opérationnel d’une compagnie, même si les A320-200 en sont équipés, relève Gerry Soejatman.
Quelles difficultés se présentent aux secours ?
Les secouristes mènent leurs recherches dans une zone où la mer fait entre 40 et 50 mètres de profondeur. Les signaux émis peuvent néanmoins être perturbés par la présence de « boue » et de « roches dures », selon le chef de l’agence nationale indonésienne de recherches et de secours Bambang Soelistyo.