États-Unis – Selon un éditorial d’opinion publié ce mercredi 20 mai 2015, dans le Washington Post, par Barack Obama et Béji Caid Essebsi, respectivement, présidents des États-Unis et de la Tunisie, les États-Unis se tiennent prêts à aider la Tunisie à remplir sa promesse démocratique :
« Dans la tourmente qui domine si souvent les gros titres, il peut être tentant de penser que toute la région de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient est saisie par le désordre. Toutefois, en Tunisie, berceau du printemps arabe, la démocratie et le pluralisme s’enracinent.
Notre réunion à la Maison-Blanche tenue le jeudi, la première entre un président américain et un président tunisien démocratiquement élu, sera l’occasion pour faire le point sur le progrès réalisé par la Tunisie et pour approfondir le partenariat entre nos nations afin d’aider la nouvelle démocratie tunisienne à apporter une plus grande prospérité et sécurité bien méritées par ses citoyens.
Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant, s’est immolé en signe de protestation contre les brimades que lui imposait un gouvernement oppressif, suscitant les manifestations qui ont mis fin à des décennies de dictature. Plus de quatre ans après, la Tunisie montre que la démocratie est non seulement possible, mais elle est aussi nécessaire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Depuis la révolution, les Tunisiens ont pu, à maintes reprises, voter lors d’élections libres et équitables en choisissant parmi plus de 100 partis politiques. Suite à un débat animé et lors d’une impressionnante démonstration de compromis et de consensus, une nouvelle constitution a été rédigée, ancrée dans la primauté du droit, affirmant la liberté de la religion et garantissant les droits humains et l’égalité pour tous, y compris les femmes et les minorités. Le gouvernement d’unité nationale d’aujourd’hui comprend des laïcs et des islamistes, prouvant que la démocratie et l’islam peuvent prospérer ensemble.
La voie de la démocratie n’a pas été facile en Tunisie. Pendant la transition, des hommes politiques courageux ont été abattus. L’héritage de la mauvaise gestion et la corruption de l’ancien régime continuent d’étouffer la croissance économique. L’attaque terroriste perpétrée contre le musée national du Bardo en mars a fait plusieurs morts, dont des touristes étrangers et un Tunisien. La Tunisie, un pays qui compte 11 millions d’habitants, a absorbé des vagues de personnes fuyant les combats en Libye. Malgré ces défis considérables, les Tunisiens sont restés unis et déterminés à protéger leur démocratie naissante.
Nos deux nations ont maintenant une occasion sans précédent pour forger un partenariat durable basé sur des intérêts communs et des valeurs partagées. En effet, depuis la révolution, les États-Unis ont octroyé plus de 570 millions de dollars et ont appuyé deux garanties de prêts importants, afin d’aider les Tunisiens à poursuivre des réformes politiques, économiques et sécuritaires importantes. Au cours de l’année écoulée seulement, les États-Unis ont fait de sorte pour doubler son aide à la Tunisie avec 134 millions de dollars proposés pour l’année prochaine. Il ne s’agit pas de charité; ceci est un investissement intelligent dans notre avenir commun, et nos réunions tenues le jeudi mettront l’accent sur trois priorités.
Tout d’abord, nous pouvons faire plus ensemble afin d’aider les Tunisiens à consolider leurs acquis démocratiques. Les États-Unis sont résolus à aider les Tunisiens à bâtir des institutions transparentes, efficaces et responsables qui sont réellement au service des personnes. Ensemble, nous pouvons autonomiser la société civile et la presse libre dans le but de renforcer la démocratie. Même si nous sommes confrontés à des menaces de sécurité comme le terrorisme, nous devons défendre les valeurs universelles de tolérance, d’intégration et de liberté d’expression que les terroristes cherchent à détruire.
Deuxièmement, nous pouvons forger un partenariat pour veiller à ce que la révolution politique de la Tunisie soit suivie par une révolution économique qui réduit le taux de pauvreté et qui apporte des améliorations tangibles à la vie quotidienne du peuple tunisien. La Tunisie a entrepris des réformes importantes visant à réduire la bureaucratie, attirer plus d’investissements et encourager la croissance créatrice d’emplois. Les États-Unis continueront à fournir l’assistance technique et économique nécessaire pour assurer le succès de ces réformes.
Nous sommes particulièrement concentrés sur la réduction du chômage élevé chez les jeunes Tunisiens. Nos programmes de formation professionnelle destinés à promouvoir l’entrepreneuriat visent à aider plus de jeunes tunisiens à développer les compétences nécessaires afin de démarrer leurs propres entreprises et créer des emplois dans leurs communautés. De nouveaux partenariats entre nos universités sont axés sur l’encouragement de l’innovation et le développement d’entreprises. Nos échanges en matière d’éducation sont en train d’aider les élèves tunisiens prometteurs à poursuivre des études dans tout ce qui sera essentiel à la croissance de l’économie tunisienne tels que la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques.
Enfin, nous cherchons à approfondir la coopération en matière de sécurité qui protège nos citoyens. En travaillant ensemble, nous avons aidé les forces armées tunisiennes à renforcer sa capacité d’entreprendre des missions de lutte contre le terrorisme. Les États-Unis mettent tout en œuvre afin d’augmenter de plus de doubles son soutien financier militaire à la Tunisie au cours de l’année prochaine afin d’aider ses forces armées à avoir un pas d’avance sur les menaces en évolution. Comme nous renforçons notre partenariat de lutte contre le terrorisme, nous pouvons faire encore plus ensemble afin de faire face aux menaces communes telles que ISIL / Daesh et l’instabilité en Libye.
Une électrice tunisienne a souligné: « ceci est un grand jour » en votant au second tour de l’élection présidentielle en décembre. «La liberté et la démocratie sont les grands vainqueurs » a-t-elle ajouté.
Après des décennies de dictature et plusieurs années de transition, les Tunisiens ont gagné leur liberté et leur démocratie. Cependant, il y aura des grands défis à l’avenir pendant que les Tunisiens s’efforcent d’offrir la dignité, l’opportunité et la prospérité qui ont été recherchées par un jeune vendeur il ya plus de quatre ans. Certes, ça ne sera pas facile, mais comme les Tunisiens cherchent à construire la plus jeune démocratie du monde arabe, ils vont continuer à avoir un ami et un partenaire solide représenté dans la plus ancienne démocratie du monde: les États-Unis d’Amérique. »