France (Yasmine Attia au Concours d’éloquence pour les jeunes avocats francophones) – le Conseil National des Barreaux en France vient d’organiser, à l’occasion de la journée mondiale contre la peine de mort, ce, vendredi 9 octobre 2015, et ce, en partenariat avec le Ministère des Affaires étrangères et du Développement international, l’association « Ensemble contre la peine de mort », l’Organisation Internationale de la Francophonie et la Conférence internationale des barreaux de tradition juridique commune, un concours d’éloquence à destination des jeunes avocats francophones inscrits à un Ordre sur liste principale ou sur la liste du stage depuis moins de 10 ans, quel que soit leur nationalité.
Plusieurs candidats appartenant aux 9 pays de l’espace francophone ont participé à ce concours en envoyant une plaidoirie rédigée en français d’une longueur de 1000 à 2500 mots et dont le sujet devait être relatif à la défense d’un cas réel de condamnation à mort.
Le verdict avait été attendu avec grande impatience, et c’est une Tunisienne, Yasmine Attia, qui vient d’être proclamée gagnante de ce concours.
Yasmine Attia est une jeune avocate tunisienne très douée en plaidoirie. Âgée de 34 ans, Yasmine Attia est avocate inscrite au barreau de Tunis depuis huit ans et enseigne aussi les Droits de l’Homme aux étudiants de Sciences politiques à l’université de Tunis.
Pour ce concours, Yasmine Attia raconte l’histoire de Maher Manaï, victime d’une erreur judiciaire. Jeune homme condamné précédemment à six mois de prison pour des méfaits, il s’est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment, présent par hasard sur une scène de crime, raflé par la police, torturé pour avouer, ce qu’il n’a pas fait, jugé à la hâte et condamné à mort au terme d’un procès entaché d’irrégularités. Maher Manai a passé neuf ans dans les couloirs de la mort tunisiens. « Il n’avait pas le moindre contact avec sa famille. Pendant des années, son cœur s’arrêtait au vacarme des portes qu’on ouvre le matin. Cinq fois, il a tenté de se suicider. On l’a bourré de médicaments. En 2011, après la Révolution qui a eu lieu en Tunisie, sa peine a été commuée en réclusion à perpétuité. Mais il est aujourd’hui détruit psychologiquement et physiquement. Longtemps, ses parents l’ont cru mort, car ils étaient sans nouvelles de lui. En Tunisie, on ne prévient pas les proches quand on exécute un condamné, et on l’enterre dans un coin de cimetière », relate la jeune avocate.
Yasmine Attia n’est pas à son premier prix international. En effet, l’année dernière elle a reçu le premier Prix du jury du 25ème concours de plaidoiries du Mémorial de Caen pour sa plaidoirie contre « le djihad Nikah » (djihad sexuel féminin en français).
Yasmine Attia fut invitée hier, à Paris pour recevoir son Prix, mais surtout pour présenter sa plaidoirie devant un jury international prestigieux. Cette victoire lui permet également de participer à un séminaire de formation dispensé par des avocats expérimentés dans la défense de condamnés à la peine capitale.