JTC 2015 – Le « standing ovation » qu’a réservé le public, conquis, à la fin du spectacle, à l’Institut français de Tunis, suffira, peut-être, à récompenser l’équipe de la pièce « la vie est un songe » qui a su faire d’une histoire « banale » un spectacle bluffant.
En effet, entre un Hichem Rostom (Basilio) tonitruant, une Amira Chebli (Rosaura), un Bilel Beji (Astolphe), un Abdelhamid Bouchnak (Sigismond), un Assem Bettouhami (Clothalde) et une Nejma Zeghidi (Etoile) au sommet de leur art, un Mourad Mehersi (Clarin) on ne peut plus drôle et une équipe de danseurs (Rabii Brahim, Hichem Chebli, Youssef Chouibi et Mohamed Djobbi) aussi synchronisée que talentueuse, le public qui a pris d’assaut l’IFT (la pièce s’est jouée devant des guichets fermés) a été conquis, ébloui et même bluffé par un spectacle extraordinaire.
Et bien que la pièce parle de l’abandon des enfants, le micmac politique entre les membres de la même famille royale, la trahison familiale entre un père-roi (Basilio) et son fils damné et enfermé comme une bête avant de se rebeller (Sigismond), Mourad Mehersi, qui joue le rôle de Clarin le suiveur qui ne peut pas tenir sa langue, a su, grâce à ses interventions drôles, obliger le public à rire comme s’il assistait à un « one man show ».
Avec leurs chorégraphies dingues, les danseurs ont également réussi à aérer la pièce.
L’histoire est peut-être un peu banale. Un roi qui enferme son propre enfant parce qu’il croyait qu’il était damné par les Dieux, une fille qui veut se venger de celui qui a joué avec ses sentiments, une famille déchirée à cause d’une course sans pitié au trône et une rébellion populaire contre un roi injuste. Oui, on en a vu d’autres.
Mais cette pièce, « la vie est un songe », avait quelque chose de particulier. C’est peut-être le jeu extraordinaire des acteurs ou la mise en scène magnifiquement réalisée ou le jeu de lumière qui narguait presque les spectateurs, ou peut-être tout ceci réuni. Mais la pièce était captivante. La preuve, personne n’a quitté son siège avant la fin du spectacle, sauf pour répondre à l’appel des comédiens. Oui, nombre de spectateurs ont pris place sur scène et ont contribué à son succès.
Avec une mise en scène qui alternait bruits et mouvements brusques et chorégraphies à base de lumière, un jeu toujours en mouvement où l’expression corporelle se mêlait avec un dialogue alternant langage soutenu et courant et une histoire aussi bouleversante que fluide et aussi réelle que fantastique, tous les ingrédients étaient réunis pour que « la vie est un songe » gagne le public.
La pièce, mise en scène par Hafiz Dhaou , Aïcha M’barak et David Bobée, est une coproduction des Journées Théâtrales de Carthage, du Centre D’Art Dramatique du Kef, de l’Institut français de Tunisie, et du Centre Dramatique National de Haute-Normandie Petit-Quevilly / Rouen / Mont-Saint-Aignan.