La presse nationale en danger

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Tunisie-Tribune (La presse nationale en danger) – Plusieurs parmi les politiques, militants des droits de l’homme, syndicalistes et autres actants de la société civile ne cessent de répéter que le plus grand acquis tangible réalisé après la révolution, et peut-être le seul, n’est autre que la liberté d’expression.

Mais ce que ceux-ci ne savent pas est que les supports essentiels de cette liberté et ses espaces principaux -que sont la presse écrite- sont entrain d’être étouffés jusqu’à la noyade dans une importante panoplie de difficultés qui, réunies ou séparées, sont à même d’exposer la presse nationale à un danger réel et pousser ses entreprises vers la faillite et l’arrêt définitif de toute activité.

Nous retenons en particulier :

  1.  la réduction du nombre des abonnements publics souscrits aux journaux et magazines pour l’année en cours,
  2. l’atermoiement, toute une année durant, à trancher sur des dossiers se rapportant à :
    • l’organisation du dispatching  des annonces publiques par le biais d’un organisme indépendant,
    •  

      la souscription des organismes publics à des abonnements aux journaux et magazines

    •  

      la fondation d’un fonds dédié à la promotion et la mise à niveau de la presse écrite

  3.  l’absence totale de réceptivité des possibilités de sauvetage de certaines entreprises (la Snipe, Dar Assabah), tout en fermant les yeux sur les projets proposés pour en assainir les situations.
  4. les procès intentés aux communicateurs conformément à la loi anti-terroriste suite à des travaux et enquêtes journalistiques,

En effet, le secteur de la presse écrite a subi, particulièrement après l’avènement de la révolution, d’importants dégâts qui ont frappé ses entreprises. En témoignent la chute du nombre des publications pendant les cinq dernières années, le rétrécissement des espaces publicitaires et la diminution des quantités d’abonnements.

Nul besoin de rappeler que les premières « réalisations » des gouvernements de la révolution ont été justement de résilier les abonnements que l’administration et les entreprises publiques avaient l’habitude de contracter auprès des journaux et revues et d’en réduire infimement les quantités. D’autre part, leur décision du libre contrat en matière d’annonces publiques a instauré, dans le secteur, une anarchie sans précédent, a privé de nombreuses entreprises, notamment celles à forte employabilité, de sources fiables de revenus et les a exposés à une crise financière étouffante. Certaines entreprises déclareraient faillite et arrêteraient toute activité si des mesures pour les sauver ne seraient pas prises.

Le gouvernement actuel a poursuivi dans le même sens et n’a pris aucune initiative augurant d’un changement. Au contraire, il a adopté l’atermoiement dans le traitement de plusieurs dossiers et s’est rétracté quant à des engagements qu’il avait lui-même pris solennellement, de quoi exposer le climat social dans le secteur à l’explosion, d’autant que la situation prévalant a privé des centaines de travailleurs de leurs droits aux augmentations salariales sachant que plusieurs entreprises de presse ne sont plus en mesure de payer régulièrement les salaires et d’appliquer la convention collective de la presse écrite.

La dite situation confirme l’absence de sérieux de la part gouvernement actuel, au niveau du traitement de ce dossier et son adoption d’une politique de pourrissement.

Les revendications du secteur ne sont point difficiles à satisfaire parce qu’elles ne sont pas coûteuses. En y répondant, on garantirait aux journaux un revenu minimum qui assurerait à son tour de nouvelles années de longévité à plusieurs titres, du travail et une vie décente à leurs travailleurs.

Parmi les revendications que la Fédération des Directeurs de journaux a soumis aux responsables du pays et du gouvernement en particulier :

1-       La souscription d’abonnements aux journaux et revues et en augmenter les quantités, en tant que forme de soutien.

2-       La mise en application rapide de l’accord concernant  les annonces publiques dans les supports papier et électroniques tel que avancé par les structures du secteur.

3-       La création d’un fonds spécial d’aide à la presse écrite, devant soutenir le développement de ses capacités, sa dotation par  de nouvelles technologies et la préservation des postes d’emploi, à l’instar de plusieurs pays. Il est  noter que les structures représentatives du secteur se sont mises d’accord pour la première fois sur l’organisation de la gestion des annonces publiques, équitablement et toute transparence ; elles en ont arrêté les critères d’octroi,  à savoir la production d’une presse de qualité, le respect de l’éthique professionnelle, de même que le respect des droits des travailleurs à travers l’application de la convention collective de la presse écrite ainsi que la garantie du pluralisme et de la diversité   Les mêmes structures déclarent qu’elles se réuniront dans les prochains jours pour annoncer  un plan d’action militante devant défendre la profession et les droits de ses travailleurs.