Tunisie-TRibune – Un séisme de magnitude 6,2 vient de frapper, ce mercredi 24 août 2016, le centre de l’Italie, faisant au moins 247 morts et détruisant de nombreux bâtiments où des personnes sont encore prises au piège.
Le bilan ne cesse de s'alourdir.
Il y aurait plus de 350 blessés. La protection civile italienne se refusait dans la soirée à avancer des chiffres concernant les disparus, mais beaucoup d’habitants et de touristes manquaient encore à l’appel, selon plusieurs témoignages.
Un dispositif contre les "chacals"
- La police italienne a également fait savoir qu’elle avait mis en place un dispositif pour éviter les «chacals», nom donné en Italie aux pilleurs de maisons vidées de leurs habitants après des catastrophes naturelles ou des évacuations forcées.
- Des camps de tentes ont été installés à proximité de ces villages pour accueillir quelque 2.500 personnes, désormais sans toit.
Comment expliquer les causes de cette secousse
Pascal Bernard, sismologue à l’Institut de physique du globe de Paris, explique les causes de cette secousse ayant frappé la Botte, après le séisme meurtrier (plus de 300 morts) de 2009 à L’Aquila.
Pascal Bernard : Il s’agit d’un séisme typique de la région. Toute la chaîne de montagnes des Apennins, qui parcourt sur mille kilomètres l’Italie du Nord au Sud, est en train de s’étirer. Les Apennins se fracturent sur de grandes failles qui permettent cet étalement. La plupart du temps, ces failles résistent, mais, parfois, des morceaux se cassent. Ce séisme de magnitude 6,2 correspond à la fracture d’un morceau d’une vingtaine de kilomètres de long. Les vibrations d’une telle cassure de faille sont très fortes, ce qui explique que le séisme ait été ressenti jusqu’à 140 kilomètres de l’épicentre, à Rome. Ce sont les mêmes causes qui avaient provoqué le séisme très meurtrier de 2009 à L’Aquila. A cette époque, la faille et l’épicentre étaient situés tout près de la ville, contrairement au tremblement de terre actuel, survenu à 10 kilomètres de Nursie, en Ombrie.
Quelle est la fréquence de tels tremblements ?
L’Italie est une terre régulièrement touchée par des secousses, car son territoire se retrouve coincé entre les plaques tectoniques d’Eurasie et d’Afrique, qui convergent. Et, au milieu, une mosaïque de microplaques s’affrontent. Les Apennins, formés au lieu précis de convergence de deux microplaques, résultent de cette compression. Mais le séisme d’aujourd’hui, comme celui de L’Aquila en 2009, provient, on l’a vu, d’un mouvement inverse : la chaîne s’étend. L’Italie s’élargit, en quelque sorte, de 1 millimètre par an.
Tous les dix ans environ, le pays connaît ainsi des séismes de magnitude 6 à 6,5. Les secousses de magnitude 7 sont beaucoup plus rares, il s’en produit environ tous les cinquante ans. Le dernier tremblement de terre de magnitude 6,9 a eu lieu en Irpinia, à l’est de Naples, en 1980. C’est le dernier aussi à avoir fait plusieurs milliers de morts : près de 3 000.
L’Italie est-elle bien préparée pour faire face à ces secousses ?
La population est préparée, mais de là à ce que tous les nouveaux bâtiments soient construits correctement pour résister, c’est moins évident. Il y a toujours des malfaçons. Pourtant, un bâtiment construit selon les normes parasismiques actuelles n’a aucune raison de souffrir d’un séisme de magnitude 6 à 6,5. Et le surcoût de tels bâtiments n’est pas énorme.