Tunisie-Tribune (Enseignement supérieur) – le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et ministre de l’éducation par intérim, Slim Khalbous, est-il en train de mettre le feu aux poudres à l’université ? Tout le laisse croire avec l’escalade qui ne cesse de monter entre le ministère et les enseignants, syndicat et recteurs y compris.
Ainsi les enseignants ont décidé de commencer par boycotter la correction des concours nationaux d’accès aux écoles d’ingénieurs. Aujourd’hui, la crise est monté d’un cran lorsqu’un agent de l’Ecole Nationale des Ingénieurs de Tunis, s’est permis de lapider les communiqués du syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique affichés dans les espaces qui leur sont consacrés dans cette institution universitaire.
Cet acte a été condamné par le syndicat dont les militants se sont mobilisés pour se déplacer à l’ENIT et afficher de nouveau les documents qui ont été déchirés, un acte qui a été exécuté à l’insu du directeur de l’institution et du recteur.
Par ailleurs, les présidents d’onze universités ont adressé une lettre au ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique datée du 7 juin dans laquelle ils rappellent leur courrier adressé déjà le 29 mai dernier et dans lequel ils l’invitent à réactiver le conseil des universités, mis en sourdine depuis quelques temps, et de l’associer à la prise des décisions qui se rapportent à l’université.
Ils ont souligné que le Conseil de l’Université ne s’est réuni qu’en de très rares occasions alors que les problèmes continuent de s’accumuler, et dont l’un des plus importants et les plus compliqués vu son impact sur les institutions universitaires est ce projet de décret relatif aux élections des structures universitaires (doyens, directeurs de départements, représentants des enseignants au sein des conseils scientifiques) qui contient des dispositions et des points qui n’ont pas fait l’objet de concertations ou de discussions au sein des structures représentatives (Conseil d’université), et encore moins leurs adoption conformément aux traditions et aux textes.
Les présidents d’université du pays, moins le recteur de Sousse, le seul à ne pas avoir signé ces deux courriers, mettent en garde contre la poursuite de cette indifférence à leur égard et à l’égard du Conseil des universités, et menacent de boycotter toutes les activités du ministère tout en faisant assumer au ministre la responsabilité des suites qui peuvent découler de cette attitude.
Il convient de rappeler que le ministre aurait présenté son projet de décret relatif aux élections des structures universitaires à la signature du chef du gouvernement sans avoir pris en considérations les avis de ses principaux partenaires, le Conseil des Universités et le syndicat général de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, essayant de faire le forcing et de le publier dans les plus brefs délais au Journal officiel afin de l’appliquer dès les élections de cette année.
En effet, il convient de rappeler que les structures universitaires devraient être renouvelées en ce mois de juin, mais que la date des élections est encore inconnue en raison de ce blocage né de la volonté unilatérale du ministre qui cherche à faire passer son projet par tous les moyens, comme si la survie de l’université en dépendait !
Or, il faut préciser que le mode de désignation des structures universitaires encore en vigueur ne posait pas de problèmes particuliers dans la mesure où il est démocratique et permettant une représentativité réelle des universitaires sans oublier qu’il n’a aucun caractère urgent. Sur ce point, l’université et les universitaires sans oublier le ministre et l’ensemble du ministère, ont, normalement, d’autres chats à fouetter, et d’autres objectifs sur lesquels il convient de se focaliser notamment les réformes nécessaires pour l’amélioration de l’enseignement supérieur et la recherche dans le pays…