Lotfi Abdelli show… au 53e Festival de Carthage ! Quel engouement & quel spectacle ! C’était fou, fou, fou

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  • Lotfi Abdelli  a brisé les tabous, dévoilé les non-dits, dans un déluge d’histoires drôles et dénonciatrices de nos tares et notre silence complice. C’était fou, fou, fou

Tunisie-Tribune (Lotfi Abdelli show) – on parle de plus de 12 mille spectateurs à s’être déplacés pour prendre d’assaut le théâtre romain de Carthage, dès les prières heures de l’après-midi, faisant fi de la chaleur d’une journée torride d’un mois de juillet particulièrement chaud, de la fatigue, d’une attente qui risque de se prolonger et des bousculades inévitables dans ce genre de spectacle.

Les forces de l’ordre et les organisateurs du festival  ont mis les bouchées doubles pour gérer et garantir le  confort et la  sécurité  de  ce flot de public décidé à assister à tout prix au spectacle « Abdelli show, the last year »,   au programme de ce fameux samedi 29 juillet 2017, au théâtre romain de Carthage.

Les portes ont été ouvertes à 19h00 tapante pour soulager la pression de la foule à l’entrée, et ce, fut déjà l’euphorie, la course pour occuper les meilleures places, mais aussi le soulagement. A 22h00 les gradins étaient bondés et le public chauffé à fond quand Lotfi Abdelli a fait son apparition sur l’immense  scène de Carthage. Aucun décor, aucun accessoire à l’exception d’une rampe d’éclairage sous forme de portique délimitant l’espace et le temps du show.

Fidèle à lui-même et à ses choix artistiques, Lotfi Abdelli a d’emblée rappelé à son public son attachement à sa démarche, à son style et surtout à son style qui fait de lui, l’artiste tunisien le plus provocateur de la scène culturelle tunisienne, gère le temps et les mots avec la précision d’un métronome. Sur scène, Abdelli est dans son élément, comme le poisson dans l’eau. Aucun trac, aucune fausse mesure, aucun oubli, même le moindre.

Un spectacle d’une fluidité épatante où les images les plus fortes, les plus troublantes défilent avec élégance, dans la beauté de l’art de la scène qui n’est pas donné à tous les artistes. Abdelli, était plus que conscient du lien extrêmement fort avec son public et il le lui montre bien, avec le sens du détail, la force du mot  et la générosité du cœur.  

« Abdelli show, the last year »,  plus qu’un spectacle, c’est une démonstration de l’art du comédien dans la discipline du one man show que Lotfi a réussi à lui insuffler un air tout à fait nouveau, de fraicheur et de technicité, pour en faire le genre le plus prisé en Tunisie. Abdelli a maitrisé la scène comme il l’a toujours fait, dans la minutie, de bout en bout, dans une dynamique incroyablement belle, toujours dans le sens du spectacle à grande affluence.

Le plus, quant à lui, était dans la complicité avec l’artiste, attentif à ses mots et gestes dans une rare connivence. Les dix ou douze mille personnes qui étaient présentes ce soir-là, se sont déplacées pour Lotfi Abdelli, qui sait les divertir par son humeur décapant, qui sait titiller leur esprit par une critique acerbe du quotidien tunisien, qui sait défoncer les portes closes depuis longtemps pour laisser s’échapper  la phrase longtemps interdite et l’idée qui dérange. Abdelli est l’artiste du non conventionnel aussi bien sur le plan du théâtre que sur celui du contenu.

  • Ce soir-là, il a brisé les tabous, dévoilé les non-dits, dans un déluge d’histoires aussi drôles que dénonciatrices de nos tares collectives et notre silence complice.
  • Abdelli évoque l’hypocrisie sociale,
  • dénonce l’arrivisme et l’avidité qui prennent de l’ampleur,
  • rit de notre réalité et de lui-même, avec une scénographie épurée  et des pas sûrs.

Lotfi Abdelli est sans équivoque l’enfant terrible du théâtre tunisien, celui qui prend le risque de repousser encore et toujours ses propres limites pour s’aventurer dans des univers incertains.

Lors de la conférence de presse qu’il a tenue dans les coulisses du théâtre romain de Carthage après son spectacle, Lotfi Abdelli, a savouré le succès de sa dernière saison au Festival de Carthage avec cette création qui devait parvenir à son terme fin décembre 2017. Comme son nom l’indique, « Abdelli show, the last year » boucle des années de représentations de ce one man show parvenue à sa maturité dans un cycle de vie objectif selon l’artiste, qui lui permet désormais à passer à une nouvelle expérience qui d’ailleurs ne va pas tarder à venir.

Au cours de cette conférence, Abdelli a dévoilé ses projets d’avenir en évoquant son expérience avec le Festival juste pour rire dont il a convaincu les responsables d’engager un partenariat avec IFM et avec lesquels il va probablement produire un spectacle en langue française. Mais Lotfi n’a pas caché la possibilité de poursuivre « Abdelli show, the last year », en Tunisie, mais aussi à l’étranger où son public l’attend toujours.

Et cerise sur le gâteau et devant un parterre de journalistes nombreux Lotfi Abdelli a souligné que la soirée était celle de la réconciliation avec tout le monde y compris ses détracteurs parmi les journalistes. Des mots et des sourires d’un homme parvenu à la maturité de son art et de son expérience de la scène et qui semble être décidé d’aller de l’avant dans des expériences inédites.