Tunisie-Tribune (Google) – Alphabet, la maison mère de Google, a annoncé avoir annulé, jeudi 10 août 2017, une réunion destinée à discuter de la controverse sur un mémo anti-parité, évoquant des inquiétudes concernant le risque d’attaques personnelles contre ses employés de la part de militants d’extrême droite.
Cette réunion devait se pencher sur les retombées de la décision lundi du groupe de licencier James Damore, un ingénieur ayant rédigé une note interne à l’entreprise justifiant l’inégalité de traitement entre femmes et hommes dans le secteur des hautes technologies par des différences biologiques.
Dans sa note, James Damore estime notamment que la « répartition des préférences et compétences des hommes et femmes diffère en partie pour des raisons biologiques et ces différences peuvent expliquer pourquoi on n’observe pas une répartition égale des femmes dans le secteur technologique et aux postes de direction ».
Google a déclaré que James Damore avait enfreint le code de conduite de l’entreprise et que son initiative perpétuait des stéréotypes de genre dommageables.
Dans un courriel consulté par Reuters jeudi, le directeur exécutif du groupe, Sundar Pichai, a déclaré que certains employés de la société avaient été personnellement cités sur des sites Web en relation avec cet incident.
« Des « Googlers » (salariés de Google) ont exprimé leur préoccupation sur leur sécurité et, craignant d’être publiquement pointés du doigts pour avoir posé une question lors de la réunion », a-t-il écrit. « Au regard des préoccupations des Googlers, nous devons faire un pas en arrière et réfléchir à de meilleures solutions pour que le débat ait lieu ».
Il a précisé que la société étudiait d’autres forums pour discuter du sujet dans les prochains jours.
James Damore, qui a critiqué dans son mémo la « partialité de gauche de Google » et la « chambre d’écho idéologique » du groupe, est devenu un héros pour certains militants d’extrême droite opposés à ce qu’ils appellent « la pensée politiquement correcte de la Silicon Valley ».
Dans son dépôt de plainte lundi auprès du Conseil national des relations du travail, l’ex-ingénieur de Google dit avoir subi des « mesures coercitives » chez son ancien employeur.
Milo Yiannopoulos, un commentateur d’extrême droite, a publié sur Facebook mercredi des images de plusieurs personnes identifiées comme travaillant pour Google. Certains des ces salariés ont été identifiés comme étant homosexuels ou partisans du combat pour la diversité.
« En regardant qui travaille pour Google, tout s’explique à présent », écrit-il sur Facebook.
(avec Jonathan Weber; Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoit Van Overstraeten)