Le secteur de la cybersécurité ne doit pas laisser tomber les filles

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Tunisie-Tribune (secteur de la cybersécurité) –  Au cours de ma carrière, j’ai eu l’opportunité de côtoyer de nombreuses entreprises technologiques aux profils, métiers et cultures très différents. Sous les différences, elles partageaient toutes un point commun : la sous-représentation des femmes, particulièrement dans les fonctions techniques ou les postes à responsabilité. Les femmes constituent près de 40% de la population active mondiale, mais occupent moins de 30% des postes dans le numérique et seulement 11% dans la cybersécurité. Au Maroc, la situation est emblématique. Le taux d’activité des femmes n’était que de 25,3%[1] en 2014. L’an passé, moins d’une femme sur trois occupait un poste de cadre dans le privé[2] et moins de quatre femmes sur dix occupaient un poste à responsabilité dans la fonction publique[3].

Au-delà de l’enjeu moral et sociétal qui se joue, l’emploi des femmes dans le secteur du numérique répond à des exigences économiques et métier que nous ne pouvons ignorer. Face à des attaques protéiformes de plus en plus ingénieuses, les compétences nécessaires pour réussir dans le secteur de la cybersécurité évoluent constamment, et avec elles les profils recherchés. Entre janvier et mars 2018, Kaspersky Lab a détecté au Maroc près de 5 millions d’alertes liées à des logiciels malveillants téléchargés depuis Internet. Or, sans diversité, impossible de faire preuve de l’innovation et de l’adaptabilité nécessaires à la lutte contre le cybercrime. Sans diversité, notre combat est perdu d’avance.

En parallèle, les entreprises du secteur font face à une forte pénurie de main d’œuvre et aucune embellie n’est prévue à court terme. Dans ces conditions, il n’y a rien de surprenant à voir se multiplier les initiatives en faveur de l’emploi des femmes, qui ont indéniablement un rôle à jouer dans la résolution de cette pénurie. En développant une culture de la mixité hommes-femmes, les entreprises du numérique participent à faire tomber certaines idées reçues et développent les conditions nécessaires pour attirer une nouvelle génération d’hommes et de femmes talentueux.

Entreprises vs. école : la faute à qui ?

Pour autant, nous ne devons pas faire peser sur elles seules la responsabilité de la sous-représentation des femmes. Sinon, comment expliquer que malgré leurs efforts, les femmes continuent de bouder nos métiers ? La faute incomberait-elle aux écoles et universités ? En réalité, elles aussi ne peuvent que regretter l’absence de femmes dans les rangs de leurs élèves, car l’orientation se joue bien avant.

Dans de nombreux pays, les jeunes sont amenés à choisir un métier, ou un moins une spécialité, dès l’adolescence, à quatorze ou quinze ans. À cet âge, le monde du travail est une réalité encore bien éloignée et la projection dans l’avenir passe avant tout par l’influence de l’environnement direct ou l’influence des modèles que l’on admire. Malheureusement, les grandes figures féminines de la cybersécurité sont trop peu visibles pour jouer ce rôle efficacement alors que le stéréotype du hacker qui passe ses journées – et ses nuits ! – dans un garage à pianoter sur son clavier continue, lui, d’être largement véhiculé par la télévision et le cinéma.

Il est donc impératif que les jeunes filles aient accès à des conseils et des renseignements sur le secteur à un âge plus précoce, afin qu’elles n’écartent pas cette option au profit de métiers plus traditionnels comme avocate, médecin ou enseignante, qui sont des trajectoires professionnelles depuis longtemps établies. C’est à la maison et à l’école que diverses influences pèseront sur cette décision. Si le travail de sensibilisation arrive trop tard, les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises n’auront d’autre choix que de redoubler d’effort pour attirer leur attention.

Je suis bien placée pour savoir que le secteur de la cybersécurité, qui continue d’enregistrer une croissance annuelle mondiale à deux chiffres, a beaucoup d’opportunités extraordinaires à offrir aux femmes. Pour les aider à en prendre conscience, il est impératif de comprendre et agir sur la chaîne d’événements et d’influences qui mène au choix d’une carrière et qui doit se construire dès que les jeunes filles commencent à réfléchir à leur futur métier. Des conseils et renseignements glanés à l’école aux recommandations des amis et des proches, en passant par les interactions avec les entreprises et les médias, soit il y a un chaînon manquant et le lien ne se fait pas, soit il y a un maillon faible et la chaîne se brise. En faisant en sorte de n’oublier aucun chaînon, le secteur de la cybersécurité pourrait même devenir un exemple à suivre à matière d’intégration hommes-femme

À propos de Kaspersky Lab

Kaspersky Lab est la première entreprise privée de cyber-sécurité au niveau mondial et l’une de celles enregistrant la croissance la plus rapide. Depuis sa création en 1997, Kaspersky Lab n’a cessé d’innover et de faire évoluer la cyber-sécurité. L’entreprise offre des solutions de sécurité digitale et des services d’intelligence pensés pour les consommateurs, les PME et les grandes entreprises. Présente dans près de 200 pays, protégeant plus de 400 millions d’utilisateurs dans le monde, la société est reconnue comme l’un des quatre premiers fournisseurs mondiaux de solutions Endpoint pour utilisateurs finaux (IDC, 2014).

[1] https://lematin.ma/journal/2017/un-taux-d-rsquo-activite-de-25-3-pour-les-femmes-contre-72-4-pour-les-hommes/268632.html

[2] http://www.leconomiste.com/article/1019803-femmes-cadres-au-maroc-entre-vecu-et-aspirations-professionnelles

[3] https://ladepeche.ma/hauts-cadres-maroc-rarement-femmes-2/