Tunisie-Tribune – Les amateurs de Gospel cette musique spirituelle prônant l’amour la paix et la sérénité ont été séduits par la troupe Gospel pour 100 Voix dont le spectacle s’est déroulé lundi 30 juillet 2018 au théâtre romain de Carthage. Composée de vocalistes et musiciens représentant 25 nationalités différentes, cette chorale et ces musiciens ont été réunis en 1998 lors de la célébration du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France. Mais la chance en a voulu autrement car leur expérience a traversé le temps en transformant cette chorale en troupe professionnelle de Gospel avec à son compte sept albums et des tournées innombrables à travers le monde. Et c’est devant des gradins archicombles de que magnifique troupe a déroulé l’immense registre du patrimoine musical américain pour lire dans son riche palimpseste les meilleures chansons invoquant l’amour suprême et prêchant la fraternité entre les hommes et les femmes quelle que soit leur identité.
Tout de blanc vêtus, occupant l’immense scène du théâtre romain de Carthage, la chorale a d’emblée transporté le public dans le royaume merveilleux du gospel avec « We’ve come to praise » suivi de « Let everythingthat » deux chants dont l’écho a retenti au firmament de Carthage. Ce fut ensuite à la grande vocaliste américaine Jean Carpenter d’enflammer la foule avec le quantique « SweepingThrough the city », en reproduisant la gestuelle dansante des prêcheurs allant jusqu’à se démettre ses souliers pour mieux se mouvoir dans une simplicité et force étonnante.
Dans une démarche didactique Jean Carpenter s’est adressée plusieurs fois au public avec sa voix roque l’invitant à la suivre à capella en expliquant que le gospel est un chant spirituel universel dont la vocation est de rapprocher les peuples autour des valeurs de la paix et de l’amour. Il n’aura pas fallu plus au public pour s’inscrire dans cette belle énergie que chacun des vocalistes et des musiciens transmettait dans un bonheur intense.
Mais ce qui était marquant, c’est sans doute la grande faculté de cette troupe de vulgariser cet art extraordinaire qui a su s’adapter aux mutations sociales pour perdurer encore et toujours au grand bonheur de ses pionniers et de ses disciples. Cette force d’adaptation a été traduite sur scène par des chorégraphies surprenantes, chargées de métaphores sur la libération de corps et par-delà le corps l’âme, matrice de la vie, foyer des émotions, et demeure de notre conscience.
Des danses moderne aussi, car le gospel d’aujourd’hui se décline dans plusieurs styles pop, RNb, Hip hop, reggae et autres, dans la diversité des communautés et des ethnies. C’est pourquoi d’ailleurs, la troupe Gospel pour 100 Voix compte plus de 24 nationalités entre chrétiens, judaïques, musulmans, hindous et bouddhistes comme pour dire que le message de l’amour et de la fraternité est universel, au-delà des différences.
Mais la soirée n’aurait pas pu être complète sans la participation du grandissime Al Sanders figure emblématique de la musique noir américaine et grand chanteur de Gospel qui a interprété des chansons tirées du répertoire classique du gospel avec sa voix de ténor velouté et sa démarche qui rappelle merveilleusement les célébrissimes chanteurs américains qui ont gravé leur noms dans les annales de ce prestigieux festival.
Les chansons et les tableaux se sont relayés dans un rythme soutenu en deux parties de la soirée tenant en haleine un public averti et enchanté. Malik Young du New Jersey, Junior Mulongo du Congo, Dale Blade du New Orléans, Heredia Koffi et Dominique Magloire du Guadeloupe ont été les maitres de cette cérémonie de prière universelle invoquant l’amour dans sa forme épurée à un moment où le monde est épris par une convulsion à nulle autre pareille.
Un spectacle de grande facture artistique qui confirme si besoin est que le Festival International de Carthage est un lieu de convergence, d’ouverture et de fraternité.