Je suis ici. Tu es où ? Une campagne de sensibilisation anti-migration clandestine, dans le cadre du projet PINSEC

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Tunisie-Tribune (Je suis ici. Tu es où ?) – Dans le cadre du Projet PINSEC, projet de coopération cofinancé par l’Agence Italienne de Coopération au développement (AICS), le Centre d’Information et d’Educationau Développement « CIES » et l’Union Tunisienne de Solidarité Sociale (UTSS), une campagne de sensibilisation anti-migration et pour l’inclusion socio-économique, a été organisée avec pour slogan « Je suis ici. Tu es où ?». Cette campagne s’est déroulée entre le 25 juin 2018 et le 2 juillet de la même année.

En effet, la campagne s’est déroulée dans les quatre gouvernorats du Grand-Tunis (Tunis, Manouba, Ben Arous et Ariana) avec une multitude d’activités artistiques et de Communication.

Il est à rappeler que cette campagne a été initiée par un groupe de jeunes opérateurs sociaux, issus de différentes Organisations de la Société Civile (OSC), ayant suivi un cycle de formation de deux semaines pour être formés comme animateurs.

Cette initiative, avait pour objectif ultime d’améliorer les compétences et habiliter des éducateurs et des travailleurs sociaux des OSC sur la participation communautaire et sur l’importance de la mobilisation sociale.

Ainsi, cette campagne a été le fruit d’un effort collectif de la part des organisateurs, d’une part, et les participants, d’autre part.

Je suis ici. Tu es où ?

Ils ont pu élaborer une campagne incluant plusieurs activités artistiques inspirées du théâtre, du cinéma, de la danse, etc. Ces jeunes ont pu également produire leurs propres supports de communication : le logo de la campagne, un dépliant, un plan média et des vidéos de sensibilisation sur la migration.

A l’ouverture de cet événement, les habitants et les visiteurs de la Ville de la Marsa ont été au rendez-vous, au boulevard de la Marsa, pour admirer et participer à un flash mob orchestré par deux groupes de jeunes artistes et danseurs.

Ce lancement de la campagne, « Je suis ici. Tu es où ? », a été également animé par le groupe d’animateurs issus de 13 associations et organismes de la société civile, à savoir : l’Union Tunisien de Solidarité Social, UTSS ; le Centre de Défense et d’Intégration Sociale de la Soukra, CEDIS ; le magazine électronique Elmanber-Ettounssi ; l’Association de Développement  El Amen Djedeida ; Association Ro2ya ATCV ; l’Association AFEK ; l’Association IRADA pour le développement des femmes rurales ; l’Association Génération Anti Marginalisation GAM ; l’Association Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives, F.T.C.R ; l’Association Jeunes El Yasamine et l’Association pour le Développement et le Leadership ALDA.

Le même groupe d’animateurs a assuré une douzaine d’activités qui ont été développées parallèlement dans les gouvernorats de  Tunis, Ben Arous, la Manouba et l’Ariana; principalement au sein des maisons de jeunes d’Ibn Kholdoun, Mhamdia, Ettadhamen et Manouba ainsi qu’au Centre de Réforme d’El Mourourj et au Centre de Défense et d’Intégration Sociale de la Soukra.

La mort les attend à la mer

Ces événements ont accueilli plus que 500 jeunes qui ont participé activement aux projections de court-métrages et de films évoquant la migration, aux cafés débats, et à la pièce théâtrale réalisée spécialement pour la campagne, etc.

Ces activités ont été une occasion pour les jeunes afin de s’exprimer librement quant aux causes et risques de la migration irrégulière. Ces jeunes sont parfaitement conscients que, probablement, « La mort les attend à la mer » mais parmi eux ceux qui ont essayé de quitter la Tunisie, à la recherche d’un avenir meilleur. La sensibilisation par les débats a permis de bénéficier des témoignages sur les expériences « cauchemars » racontées par des jeunes migrants et/ou migrants de retour.

Il y en a ceux qui ont passé des nuits dans « la Gouna » attendant le bateau, sans rien manger ni boire. D’autres ont été arnaqués. Ils ont payé de l’argent et se sont retrouvés dans une zone côtière Tunisienne au lieu de se retrouver dans un pays étranger. Et bien d’autres qui ont vécu la misère, la peur, l’extrême pauvreté et toutes formes de traite dans des pays de l’Europe car ils ne pouvaient pas décrocher un emploi digne de leur humanité. « Je suis parfaitement conscient des risques de la migration irrégulière. Mais je n’avais pas le choix. Je voyais ma mère mourir jour après jour et je ne pouvais rien faire pour elle. Un jour, j’ai décidé de migrer. Mais, j’ai été arnaqué. Et depuis, je n’ai pas cessé de tout faire pour quitter la Tunisie, en vain. Maintenant, je n’ai plus la même vision des choses, Surtout après l’accident de Kerkenah qui nous a fait perdre plus qu’une cinquantaine de jeunes. J’ai décidé, donc, de gagner de l’argent dans mon pays. J’ai commencé à faire du RAP avec un groupe de jeunes. C’est la chose que j’aime le plus. Et je souhaite adresser un mot à tous les jeunes : Votre pays a besoin de vous. », Nous a confié un jeune participant. Ce jeune est devenu plus optimiste. Il souhaite réaliser son rêve de devenir chanteur du RAP. Il regarde l’avenir avec un grand espoir, après ce qu’il a vécu dans le passé. Et surtout suite à sa participation au débat, il a décidé de visiter le « HUB » pour s’informer sur les services proposés dans le cadre du Projet PINSEC.

Certes, la pauvreté, l’analphabétisme, et la forte obsession par l’occident représentent les causes majeures de la migration. Mais, les jeunes ayant participé à la campagne sont, désormais, conscients et convaincus qu’ils peuvent réussir même sans prendre de risque et quitter leur pays.

La solution qui a été proposée par l’équipe du Projet PINSEC a été de visiter le service d’écoute, d’orientation et de formations sur la migration, l’emploi et l’entreprenariat  « HUB », sis au 3 avenue HédiChaker au sein de la Maison des personnes âgées de la Manouba. Ce service fourni une assistance à tous les jeunes migrants potentiels, aux migrants et migrants de retour afin de trouver une alternative leur garantissant une vie meilleure dans leur pays.