Thomas Cook : 10% des touristes britanniques rapatriés, les dirigeants dans le collimateur

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Tunisie-Tribune (Thomas Cook) – Les autorités britanniques ont déjà rapatrié 10% des touristes britanniques affectés par la faillite de Thomas Cook, au moment où ses anciens dirigeants sont pointés du doigt pour avoir touché des salaires faramineux malgré les déboires du groupe.

L’Autorité britannique de l’Aviation civile (CAA) a annoncé mardi dans un communiqué avoir ramené 14.700 personnes au Royaume-Uni lundi au premier jour d’une opération de rapatriement d’une ampleur inédite depuis la Seconde Guerre mondiale.

Quelque 64 vols ont permis à ces touristes éparpillés dans le monde entier, et surtout dans les régions ensoleillées de Méditerranée, de rentrer à bon port.

Au total, 150.000 touristes britanniques voyageaient avec Thomas Cook quand le groupe a soudainement mis la clé sous la porte tôt lundi matin. Le nombre de clients du voyagiste en faillite s’élève à environ 600.000 toutes nationalités confondues.

Pour la journée de mardi, la CAA prévoit de rapatrier 16.500 touristes britanniques grâce à 74 vols au deuxième jour d’une opération qui devrait durer environ deux semaines.

Les autorités organisent le rapatriement grâce à des avions loués à d’autres compagnies aériennes, pour un coût total qui devrait tourner autour de 100 millions de livres, selon le gouvernement.

« Nous voulons que les gens continuent de profiter de leurs vacances et donc nous les ramènerons au Royaume-Uni le jour de leur retour prévu ou juste après« , explique Richard Moriarty, directeur général de la CAA.

Il rappelle toutefois qu' »un rapatriement de cette ampleur et de cette nature est sans précédent et malheureusement il y a quelques inconvénients et perturbations pour les clients. Nous faisons tout ce qui est possible pour limiter cela« , ajoute-t-il.

La colère grondait en particulier à l’aéroport de Palma de Majorque où des touristes britanniques se bousculaient pour rentrer chez eux, tandis que certains arrivant sur l’île découvraient que leurs réservations n’étaient plus valables.

Les clients britanniques ayant souscrit à des voyages comprenant l’hôtel et les vols auront toutefois droit à un remboursement grâce à la garantie ATOL, émanation d’une directive européenne.

Le pays restait sidéré par la chute brutale du pionnier des voyages organisés, qui a été placé en liquidation du jour au lendemain après avoir échoué au cours du week-end à trouver les fonds nécessaires à sa survie, menaçant l’emploi de ses 22.000 salariés.

Ses banques lui demandaient de trouver 200 millions de livres de plus afin de passer l’hiver et de valider un plan de restructuration à 900 millions de livres qui devait voir le chinois Fosun prendre le contrôle de l’activité de tour-opérateur, tandis que les créanciers auraient mis la main sur son transport aérien.

Les projecteurs se braquaient mardi matin sur les dirigeants du groupe qui se sont partagés, selon la presse britannique, 20 millions de livres en salaires et bonus depuis 2014 alors même que le groupe était en grande difficulté entre résultats médiocres et effondrement du cours de Bourse.

– Enquête ouverte –

Les tabloïds britanniques, comme toujours, ne mâchaient pas leur mot et accusaient en une les patrons de s’en être mis plein les poches, le Daily Express leur demandant même de rembourser les sommes perçues, ce qu’a également exigé l’opposition travailliste.

En déplacement à New York à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est lui-même interrogé sur le comportement des dirigeants.

« Je me demande s’il est juste que les dirigeants, ou qui que ce soit d’autre, le conseil d’administration, s’accordent des sommes importantes quand des entreprises peuvent couler comme ça« , a-t-il commenté selon les médias britanniques.

La ministre des Entreprises Andrea Leadsom avait, quant à elle, demandé au liquidateur public en charge de la faillite du groupe d’enquêter sur le comportement des hauts dirigeants de Thomas Cook.

La question est de savoir quelle part de responsabilité ils portent dans la faillite du voyagiste qui, lourdement endetté, paye des années de gestion hasardeuse, une prudence accrue des consommateurs sur fond de Brexit, et la concurrence des vacances achetées sur internet.