Paris exhorte Téhéran à revenir sur les décisions contraires à l’accord de Vienne

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Tunisie-Tribune (l’accord de Vienne) –Le président iranien, Hassan Rohani, a annoncé mardi une nouvelle réduction des engagements pris par son pays lors de l’accord sur le nucléaire conclu à Vienne en 2015.

Le président iranien, Hassan Rohani, a annoncé, mardi 5 novembre, une nouvelle réduction des engagements pris par son pays devant la communauté internationale concernant son programme nucléaire. L’Iran va reprendre ses activités d’enrichissement d’uranium dans son usine de Fordo (à 180 km au sud Téhéran), qui étaient gelées depuis l’entrée en vigueur de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015, a déclaré M. Rohani.

Aux termes de cet accord, l’Iran stocke à Fordo 1 044 centrifugeuses de première génération IR-1 qui tournent à vide. Mais «à partir de demain [mercredi], nous commencerons à injecter du gaz [de l’uranium à l’état gazeux] à Fordo», a annoncé M. Rohani dans un discours retransmis par la télévision d’Etat, en faisant référence au procédé utilisé pour produire de l’uranium enrichi en isotope 235 à partir de ces machines.

Paris et l’UE préoccupés par les annonces

La France a réagi à l’annonce de Téhéran en exhortant, mardi, l’Iran à «revenir» sur sa décision. «Nous restons engagés en faveur du JCPoA [l’accord de 2015] et exhortons l’Iran à revenir sur ses décisions contraires à l’accord», a déclaré la porte-parole du ministère français des affaires étrangères.

L’Union européenne, par la voix de la porte-parole Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne, s’est dite « très préoccupée » par cette annonce.

«Le président Hassan Rohani revient sur les engagements pris par Téhéran. Nous exhortons l’Iran à ne pas prendre de nouvelles mesures qui mineraient davantage l’accord sur le nucléaire, qui devient de plus en plus difficile à défendre».

La Russie s’est aussi dite «préoccupée»«La rupture de l’accord sur le nucléaire iranien ne présage, bien sûr, rien de bon», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant néanmoins «comprendre les inquiétudes» iraniennes face aux sanctions américaines.

Plus tard, les Etats-Unis ont dénoncé, au travers de la porte-parole du département d’Etat Morgan Ortagus, « une tentative claire de chantage nucléaire qui va seulement aggraver son isolement politique et économique ». Il assure que Washington « continuera à imposer une pression maximale sur le régime jusqu’à ce qu’il cesse son comportement déstabilisant, notamment les activités sensibles de prolifération » nucléaire.

Nouveau délai de deux mois

L’annonce d’un nouveau recul iranien était attendue. La journée de lundi marquait l’expiration d’un nouveau délai de soixante jours donné par la République islamique à ses partenaires de l’accord de Vienne pour l’aider à contourner les sanctions américaines rétablies depuis le départ des Etats-Unis.

Le président iranien a, par ailleurs, donné une nouvelle période de deux mois aux Etats qui sont encore dans l’accord de Vienne (Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) pour répondre aux demandes de l’Iran, faute de quoi son pays réduira encore davantage ses engagements. M. Rohani a précisé que les activités nucléaires à Fordo resteraient sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), comme le reste des activités nucléaires iraniennes, soumises au régime d’inspection le plus strict jamais mis au point par cet organe de l’ONU.

Téhéran avait accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires – afin de garantir leur caractère exclusivement civil – en échange de la levée d’une partie des sanctions internationales asphyxiant son économie. Mais le retrait des Etats-Unis de l’accord et la politique de « pression maximale » du gouvernement du président américain, Donald Trump, contre Téhéran privent l’Iran des bénéfices économiques qu’il escomptait de l’accord de Vienne.

La République islamique assure rester attachée à la survie de l’accord et être prête à revenir à l’application complète de ses engagements dès lors que les autres parties respecteront les leurs en prenant des mesures concrètes pour satisfaire ses demandes, en particulier en lui permettant d’exporter son pétrole.