Tunisie-Tribune (Tension en escalade en Libye) – Les pays limitrophes de la Libye sont sur le qui-vive : une éventuelle intervention militaire turque dans ce pays, déjà miné par une guerre fratricide, fait craindre une détérioration de la situation sécuritaire en Afrique du Nord et au Sahel.
Le parlement turc a adopté, le 2 janvier, un texte permettant au président Recep Tayyip Erdogan d’envoyer des militaires en Libye afin de soutenir le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez-al Sarraj en conflit avec le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est libyen. En proie au chaos depuis l’intervention de l’Otan en 2011, qui s’est soldée par la chute et la mort de l’ancien dirigeant Mouammar Kadhafi, la Libye est minée, depuis 2014, par une guerre fratricide entre les deux hommes.
Conséquence de cette guerre civile, le territoire libyen est divisé en deux : à l’ouest, sur une bande territoriale au sein de laquelle se trouve Tripoli, s’étend le pouvoir du GNA. Si cette entité politique, basée dans la capitale, est reconnue par la communauté internationale, elle parvient difficilement à imposer son autorité sur ses propres milices. En face, le maréchal Khalifa Haftar, qui dit tirer sa légitimité du Parlement de Tobrouk, également reconnu par la communauté internationale, contrôle la totalité de la Cyrénaïque (est du pays), ainsi qu’une large partie de la Tripolitaine (ouest) et du Fezzan (sud-ouest).
A la faveur du ralliement de plusieurs tribus et d’officiers, dont des ex-kadhafistes, le maréchal Khalifa Haftar a multiplié les succès militaires mais a dû battre en retraite après avoir échoué à prendre Tripoli en avril dernier.
Cette dégradation du climat politique et sécuritaire a conduit à une résurgence du terrorisme. En effet, si elle a certes perdu son bastion de Syrte en décembre 2016, la branche libyenne de l’Etat islamique (EI), a réussi, depuis le sud libyen, à se reconstituer afin de perpétrer des attaques de grande ampleur. Ainsi, le 4 mai 2019, elle a effectué une attaque contre une caserne tenue par l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar à Sebha, dans le sud du pays, et au cours de laquelle neuf soldat ont trouvé la mort. L’EI parvient également à fomenter des attaques dans le nord. Le 25 décembre 2018, l’organisation terroriste cible le ministère des Affaires étrangères.
L’attaque, un attentat-suicide, fait trois morts. Une capacité de nuisance que l’ONU a soulignée en août 2018 dans un rapport : entre 3 000 et 4 000 combattants de Daesh seraient actifs en Libye.