Covid-19 : Pour survivre, les compagnies aériennes devront tenir jusqu’à l’été… 2021

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  • Traversant la pire crise de leur histoire, les compagnies aériennes prévoient d’essuyer une perte nette de 39 milliards de dollars entre avri et juin. Pour autant, l’enjeu pour la majorité d’entre elles n’est pas de passer les trois prochains mois, mais de tenir jusqu’à la prochaine période de rentrées de cash significatives, soit la prochaine saison estivale 2021. Analyse.
Tunisie-Tribune (Covid-19) – Avec l’arrêt de la quasi-totalité des vols, le transport aérien se met en sommeil pour une période allant de deux mois pour les plus optimistes à trois mois pour ceux qui le sont moins. Une parenthèse inédite et catastrophique pour les transporteurs au cours de laquelle les trésoreries vont fondre comme neige au soleil en raison de l’absence totale de recettes d’un côté, et du maintien, de l’autre, d’un certain nombre de dépenses, même si celles-ci sont fortement allégées par l’arrêt des vols (pas de facture carburant ni de charges aéroportuaires) et les mesures prises par les différents gouvernements, comme c’est le cas en France avec les reports des cotisations sociales, des loyers et la prise en charge par l’Etat du chômage partiel.

Les compagnies vont brûler 61 milliards de dollars de cash d’avril à juin

Au deuxième trimestre, selon l’association internationale du transport aérien (IATA), les compagnies aériennes devraient brûler 61 milliards de dollars de cash et enregistrer une perte nette de 39 milliards de dollars, soit 433 millions d’euros par jour

Une  situation dramatique qui les contraint à ne pas rembourser les billets d’avions pour les vols annulés au cours des trois prochains moins et de proposer, pour la majorité d’entre elles, des reports de vol ou des « avoirs ».

Pour autant, si les plus fragiles ne passeront pas cette période sans un soutien plus important de l’Etat, le défi pour la majorité des compagnies n’est pas de pas tenir le temps du « shutdown », mais de tenir….encore un an.

Car celles qui resteront debout ne seront pas sorties d’affaire pour autant. Loin de là, même. La sortie de crise s’annonce compliquée avec une reprise longue et difficile. Quand bien même l’amélioration de la situation sanitaire permettrait de reprendre l’activité en juin, la demande touristique sera probablement molle cet été, estiment certains dirigeants du secteur.

« Les gens vont rester tranquillement chez eux », prédit l’un d’eux.

Reprise longue et difficile

Outre la crainte du virus qui pourrait persister, l’envie de voyager après la période difficile du confinement risque également d’être freinée par la baisse du pouvoir d’achat liée au chômage partiel et aux licenciements et, d’une manière générale, au sentiment d’insécurité économique dans un monde en récession. Il faudra également du temps pour voir les déplacements professionnels repartir. Les entreprises vont en effet serrer la vis des politiques voyages.

Au final, après l’été, les compagnies qui auront survécu à la mise sous cloche actuelle du transport aérien vont très vite se projeter dans la saison hiver. Synonyme de basse saison, de consommation de cash, et le plus souvent de pertes financières, cette période est traditionnellement compliquée sur le plan financier.  Pour ne rien arranger, elle devrait coïncider dans certains pays avec le début du remboursement des cotisations sociales dont le paiement a été décalé.

Aussi, les compagnies aériennes devront donc attendre  la période de réservations pour la saison estivale 2021 (fin mars-fin octobre), pour recommencer à avoir des rentrées de cash significatives.

  • « Le problème n’est pas la crise, mais l’après-crise. Nous allons trinquer pendant un an, jusqu’à la prochaine saison d’été en 2021 », explique une source interne chez Air France.

L’IATA prévoit un retour du trafic à son niveau de 2019 à la fin de l’année et table sur une reprise significative en 2021.

Soutiens des Etats

C’est dans cette optique que les compagnies aériennes demandent des soutiens publics, soit des aides directes, soit des prêts directs, soit des garanties pour obtention de crédits…. Car aucune compagnie ne pourra tenir jusque-là sans liquidités nouvelles.

« Il faut lever des fonds pour tenir jusqu’en juillet 2021. Et il vaut mieux le faire maintenant »

Air France-KLM peut tenir jusqu’en septembre sans activité estiment certains experts.

Les aides accordées aux compagnies américaines, à Singapore Airlines ou à Emirates, ont pour objectif de non seulement traverser la crise mais aussi de préparer l’après-crise.

Celles qui ne pourront pas compter sur le soutien étatique sont donc condamnées à disparaïtre ou, dans le meilleur des cas, à être reprises par une autre compagnie. Et encore, pas dans l’immédiat car aujourd’hui, toutes les compagnies aériennes sont focalisées sur leur trésorerie.

Source :  Aero-News