Tunisie-Tribune (Energie solaire) – La Tunisie bénéficie d’un taux d’ensoleillement important estimé à 3000 heures par an, avec des pics de 3 400 heures/an au golfe de Gabès (sud-est). Une manne pour un pays qui peine, depuis des années, à maitriser et à réduire son déficit énergétique, évalué à 55% en 2019, contre 20% seulement en 2010.
Le solaire photovoltaïque (PV), une technologie désormais très bien maitrisée en Tunisie, constitue une manne à exploiter pour réaliser des objectifs ambitieux en matière de déploiement des énergies renouvelables (ER), selon Nefaa Baccari, directeur des énergies renouvelables à l’ANME.
Des projets d’une puissance de 1000MW
Le photovoltaïque figure parmi les énergies renouvelables les mieux développés en Tunisie aujourd’hui, avec des projets en cours de concrétisation, d’une puissance globale d’environ 1000 Mégawatts (MW).
L’Agence nationale de la maitrise de l’énergie (ANME) en coordination avec la Haute commission de l’électricité, vient d’approuver la première tranche des projets à réaliser, en concession, en l’occurrence 5 centrales d’énergie solaire PV, totalisant une puissance de 500 MW, a déclaré à TAP, Nefaâ Baccari.
« Ces stations seront implantées dans les régions de Tozeur (Sud de la Tunisie) avec une puissance d’environ 50 MW à Sidi Bouzid, 100 MW à Kairouan, 100 MW à Gafsa, et de 200 MW Tataouine, a-t-il développé. Des tarifs, parmi les plus bas en Afrique.
D’après lui, le tarif proposé dans le cadre du projet de Tataouine, soit 72 millimes par kilowattheure, est l’offre « la plus basse jamais proposée en Afrique » et aussi parmi les plus basses au monde.
Globalement, les prix proposés dans le cadre de ces projets (en moyenne de 80 millimes) ciblent la réduction des coûts de production de l’électricité à l’échelle nationale, ainsi que les coûts de subvention énergétique. Ils ont également, pour objectif de réduire de 5% les importations nationales de gaz naturel.
Pour la production d’électricité à partir de l’énergie solaire photovoltaïque (PV), le pays cible une puissance globale de 400 MW, dans le cadre du régime des autorisations, a fait savoir le directeur des ER à l’ANME.
C’est dans le cadre du projet « Prosol Elec », initié par l’ANME en 2010, que des projets de mise en place d’équipements pour l’autoproduction de l’électricité via l’énergie PV, ont été entrepris et raccordés à la basse tension, au profit de près de 35 mille familles. La puissance totale de ce projet « Prosol Elec », financé en partie par le Fonds de transition énergétique s’élève aujourd’hui, à 110 MW.
Pour les industriels voulant produire, eux-mêmes, de l’électricité pour couvrir leurs propres besoins, des projets d’autoproduction raccordés à la moyenne tension totalisant, une puissance de 36 MW et 210 autorisations, ont été autorisés. Les établissements publics, désormais la cible de la stratégie énergétique La Tunisie à travers l’ANME, vient d’entamer le nouveau programme de transition énergétique dans les établissements publics (TEEP).
« Ce programme consiste à installer des panneaux photovoltaïques au sein des bâtiments des ministères ainsi que ceux des établissements publics, à caractère administratif et non administratif, favorisant une autoproduction de l’électricité », explique Baccari.
L’objectif ciblé est d’installer, sur 4 ans (2021-2024), une capacité de 30 MW d’énergie PV, au sein de plus de 250 établissements publics pour réduire leurs factures énergétiques de 20%.
Il s’agit de projets dotés d’une capacité minimale de 10 MW, par établissement avec une priorité donnée aux bâtiments étatiques (ministères de la Santé, de l’Education…).
Le projet est cofinancé par la Banque Allemande de Développement KFW, moyennant un investissement de l’ordre de 200MD.
« Notre objectif, des panneaux solaires sur toutes les maisons »
D’après le directeur des ER à l’ANME, de nouveaux programmes sont en cours de finalisation et seront lancés, cette année, par l’agence. Il s’agit entre autres du programme «Prosol Elec économique », destiné aux ménages qui consomment entre 1200 et 1800 kw/h d’électricité par an et « Prosol Elec électrique social » pour les ménages qui consomment moins de 1200 kw/h par an.
« Ces deux programmes seront lancés, dans le cadre d’une action pilote, à la région de Tozeur, par l’installation de 4000 systèmes de panneaux PV, d’ici 2022 », a-t-il dit à l’agence TAP.
Une fois généralisé, sur 5 ans, ce projet permettra à environ 800 mille familles tunisiennes d’économiser jusqu’à 41 millions de dinars tunisiens. Il générera 53 MW d’énergie solaire photovoltaïque, ce qui permettra de réduire de 0,88 millions de tonnes de CO2 d’ici 2044.
D’après Baccari, un investissement pour l’installation de panneaux solaires d’une capacité de 2 kilowatt-heures (KWH) coûte pour un citoyen environ 9 mille de dinars, dont 30% est couvert par la subvention de l’Etat.
Le reste du montant devra être payé par le citoyen, par tranches comptabilisées sur la facture de la STEG, à raison d’environ 200 dinars, tous les deux mois, ce qui est presque l’équivalent « d’une consommation ordinaire » d’une famille tunisienne. Mais, à partir de la 7ème année, et une fois le prêt d’installation est remboursé, le citoyen bénéficiera presque d’une consommation gratuite, à l’exception de paiement des taxes de la Steg, soit un montant très minime, et ce, pendant 13 ans, étant donné que la durée de ces installations est de 20 ans.