Mohamed Jamil Maamer : « il est impératif de miser sur les énergies renouvelables pour réduire notre déficit énergétique »

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Tunisie-Tribune (miser sur les énergies renouvelables) – Dans cette interview accordée à TAP, Mohamed Jamil Maamer qui a eu l’occasion malgré son jeune âge (40 ans), de se forger une solide expérience dans le domaine des énergies renouvelables, revient sur ses débuts, tout en mettant en relief les avantages et les perspectives de cette filière qui a de beaux jours devant elle. Rappelons que sa société d’installation des chauffe-eaux solaires à Sherba, a été sélectionnée, en 2020, pour la réalisation d’une centrale de 1 MW à Djerba. L’Interview :

La production de l’énergie renouvelable, est-ce votre première vocation ? Comment avez-vous pensé au lancement de votre projet ?

Mohamed Jamil Maamer : « J’ai obtenu mon diplôme de technicien supérieur en maintenance industrielle de l’Institut supérieur des études technologiques à Djerba, en 2004.

Après avoir travaillé dans plusieurs sociétés privées, j’ai décidé de lancer mon propre projet d’installation de chauffe-eaux solaires, en 2009. C’est comme ça que ma société ” MES Energie Sécurité ” est née.

En 2014, j’ai développé l’activité d’installation de panneaux photovoltaïques. Après 3 ans, en 2017, j’ai décidé de me concentrer sur la vente et l’installation des équipements photovoltaïques.

Ma société se présente aujourd’hui comme l’une des meilleures sociétés sur le marché tunisien, avec plus que 750 systèmes installés et raccordés à la STEG, d’une puissance totale de plus de 2 MW en 2020.

Nous avons été sélectionnés en 2020, dans le cadre d’un appel à projets lancé par le ministère de l’Energie, pour la réalisation d’une centrale de 1 MW au sud de la Tunisie, avec un budget de 2,5 millions de dinars. Un projet unique en son genre, dans l’île de Djerba.

Cette centrale, dont les travaux de construction viennent d’être lancés, sera inaugurée durant le 2ème trimestre 2022. Elle assurera une production annuelle de 1 700 000 kWh/an, soit l’équivalent de 1,7 GWh/an.

Quelle est votre perception des énergies renouvelables, le solaire photovoltaïque en particulier ?

Je suis convaincu que l’énergie renouvelable ou l’énergie verte est la technologie de l’avenir et le pilier de la transition énergétique.

Sur le plan écologique, produire sa propre énergie grâce à l’énergie solaire, c’est aussi, participer à la préservation de notre planète, car c’est une énergie intarissable et propre qui permet de réduire la part de la production des énergies plus polluantes comme le charbon ou le nucléaire. Non seulement en Tunisie, mais partout dans le monde, cette énergie est une bénédiction pour le climat et pour le futur de notre planète.

Le solaire photovoltaïque se présente aujourd’hui, comme un pilier de la croissance économique à faible émission de carbone pour les gouvernements du monde entier, comme en témoigne le nombre croissant d’emplois créés. Selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), le secteur des énergies renouvelables, tiré par la croissance du solaire photovoltaïque, est en pleine croissance et a créé l’année dernière quelque 500 000 nouveaux emplois dans le monde. Il dépasse désormais le cap des 10 millions d’emplois.

Comme d’autres experts, pensez-vous que les énergies alternatives puissent servir de moteur de développement dans cette conjoncture difficile ?

Comme je l’ai déjà mentionné, le secteur des énergies renouvelables s’est développé, à grande vitesse, partout dans le monde durant ces dernières années, et notamment durant la conjoncture actuelle. Au moment où les marchés du pétrole et du gaz sont fortement déséquilibrés, du fait d’une offre excessive face à une chute de la demande, les énergies renouvelables sont de plus en plus sollicitées, surtout que leur coût est en régression continue.

En Tunisie, la mobilisation des investissements dans cette filière d’activité permettra d’une part, de réduire le déficit énergétique, et d’autre part de favoriser la mise en place de grands projets à forte capacité d’embauche, en plus du renforcement du savoir-faire tunisien dans ce domaine.

En fait, notre pays dispose déjà d’une expertise confirmée et d’un tissu industriel développé, notamment, dans le domaine de la fabrication de panneaux solaires et photovoltaïques, de lampes LED…. Nous pourrons tirer meilleur profit de cette manne et exporter vers des pays voisins et africains.

Il importe de rappeler, dans ce cadre, que notre pays est bien perçu à l’échelle internationale en ce qui concerne les énergies renouvelables. La Tunisie est classée 20ème au monde en matière d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables, sur un total de 133 pays.

Quels sont les secteurs qui pourraient tirer le meilleur profit de ces énergies alternatives, d’après vous ?

L’énergie photovoltaïque présente de nombreux intérêts pour les entreprises énergivores, qu’elles soient industrielles ou tertiaires, en raison de la forte baisse du coût des systèmes photovoltaïques, contre l’augmentation excessive du prix du Kilowattheure -kWh- (STEG).

Les énergies renouvelables constituent, en effet, la solution la plus rentable sur les plans financier et écologique pour les petites entreprises et aussi le secteur résidentiel (les ménages). C’est un investissement rentable sur les moyen et long termes.

Que proposez-vous pour encourager les industriels à mieux profiter des énergies renouvelables ?

Il est temps de conjuguer tous les efforts et d’assurer une collaboration entre les différents intervenants dans cette activité (institutions gouvernementales et secteur privé), afin d’impulser les investissements dans la filière des énergies renouvelables en Tunisie.

Parallèlement, il est indispensable de réviser les lois, et d’alléger les démarches et procédures administratives, depuis le dépôt des dossiers jusqu’à la mise en service des installations, afin d’inciter les industriels à opter pour cette énergie durable. Il est inadmissible d’attendre 8 à 10 mois, pour pouvoir finaliser le dossier de raccordement des installations de moyenne tension.

Il faut également, renforcer les subventions au profit des petites sociétés et lancer des lignes de crédits permettant de financer ce genre d’installations énergétiques.