Voyance via les centres d’appels : est-ce de « l’assistance psychologique » ou de l’arnaque à 100% ? Une opératrice dénonce !

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Tunisie-Tribune (Voyance via les centres d’appels) – Madame Z…., pseudo astrologue et fausse voyante semble avoir de beaux jours devant elle, en exploitant des centaines, voire des milliers de clients auxquels elle soutire des centaines d’euros lors de chaque appel.
Tout comme un grand nombre de cabinets et de plateformes, celle qui travaille pour Mme Z…. est située en Tunisie, véritable plateforme tournante de l’escroquerie à l’échelle de la voyance industrielle.
Ce cabinet comprend 19 faux voyants /astrologues d’origines tunisienne, marocaine et sénégalaise. Ces supposés médiums professionnels ne sont pour la plupart, ni déclarés , ni assurés. Ils œuvrent, par conséquent, sans contrat et sans aucune protection sociale.
Curieux et captivé par ces pratiques sauvages d’une voyance prodiguée à grande échelle, Jilali Khader, reporter journaliste tunisien est allé à la rencontre d’une étudiante, Myriam, formée en un temps record pour démarcher et imposer des consultations dites de voyance à des clients vivants, pour la plupart, en France.
Myriam* perçoit un salaire de 200 €/mois (ou leurs équivalents), pour 42 heures de travail par semaine . Cette somme lui est remise cash dans une enveloppe, elle n’est ni déclarée, ni assurée. Tout est au black ! Elle a pour obligation de garder au bout du fil, le client pendant 30 mn au minimum.
Même non déclarés et exploités ces faux voyants n’ont pas leur mot à dire, ils sont traités comme des « esclaves ». Les dirigeants et associés Français & Tunisiens, qui exploitent ces plateformes, ont élaboré une combine leur permettant d’exploiter la nombreuse clientèle qui fait appel à la voyance.
En effet, après quelques jours d’une formation express, voilà l’étudiant ou le chômeur devenu expert en astrologie, tarologie. Il se présentera comme assistant personnel de Madame Z…., face au client, qu’il aura démarché par téléphone. Myriam nous relate son expérience, (de façon anonyme bien sûr):
Elle vient d’achever ses études et comme des milliers de jeunes tunisiens au chômage, grâce à un ami, elle se voit engagée dans call-center de « voyance » à Tunis pour la période des vacances d’été. Lors de l’entretien « d’embauche », il était question d’un travail bien rémunéré dans un centre d’appel proposant de « l’assistance psychologique ». Myriam a suivi une formation scientifique qui n’a rien à voir avec le poste à pourvoir mais comme elle maîtrise parfaitement la langue française, elle sera engagée rapidement.
Que demander mieux ? Quelques jours de formation pour apprendre par cœur les 12 signes astrologiques, la signification de quelques cartes du tarot et diverses informations contenues dans des documents imprimés de Google, qui lui seront remis par le directeur du centre d’appel.
Et la voilà propulsée dans le monde de la voyance, spécialiste de l’amour : « Au début, nous confie- t-elle, ça me faisait rire, ça m’amusait car je pouvais raconter tout et son contraire au client . Il ne voyait que du ‘’feu’’. Mais cela devenait fatigant de raconter la même chose à chaque client. Il était, de plus en plus difficile, de le garder au bout du fil pendant au moins 30 minutes, quand bien même, on lui raconterait des sornettes »
Myriam semble avoir eu des regrets et nous a avoué que, ses premières consultations terminées, elle s’est sentie mal à l’aise, envahie d’un malaise incommensurable d’avoir trompé la confiance du client. Au bout d’un mois de travail et de fausses prédictions débitées à de pauvres gens, elle affirme, contre toute attente, s’être sentie dans la peau d’un cadre médical, investie d’une mission, capable de gérer les ressentiments, même si sa conscience la rappelait souvent à l’ordre.
En ce qui concerne la répartition du travail et la formation des étudiants, Myriam nous livre quelques secrets du cabinet de Madame Z…. Dans ce cabinet, après une formation expéditive de 5 jours, la nouvelle recrue en voyance commence par la le chat via Facebook.
Le Cabinet de Mme Z…. lui communique préalablement le profil d’un potentiel client, démarché par téléphone, à qui elle envoie un message proposant des conseils indispensables en matière de voyance. La personne accepte, la mission des faux voyants. Ce sont, en fait, de véritables commerciaux qui ont pour devoir de convaincre le client d’opter pour une consultation privée et communiquer leur numéro de carte bancaire.
En cas de difficultés, il s’agira de persuader le consultant d’appeler « le service 08, qui est soi-disant l’offre la moins chère du marché ». Ce qui, en réalité, est totalement faux car l’appel est facturé au client à 0.80 euros la minute. Une « consultation spéciale » par téléphone avec un voyant en particulier, coûte 4 € la minute soit 240 €. Comme dans tous les centres d’appel, les pseudo-voyants et voyantes ont pour obligation de prendre un pseudonyme français pour ne pas éveiller les soupçons et rassurer le client.
Certains clients, toujours d’après Myriam, se rendent rapidement comptent de la supercherie. Et mettent un terme à la conversation en traitant les commerciales de voleuses, d’arnaqueuses… Le fait est que cette pratique peu réglementaire fonctionne parfois et que les victimes sont de plus en plus nombreuses.
  • Témoignage recueilli par Jilali Khader, reporter journaliste (Tunis) 
  • Les noms ont été volontairement changés