Tunisie Tribune (vague d’arrestations)- Face aux diatribes s’opposant aux récentes arrestations, le Président de la République, bien décidé à aller de l’avant dans sa guerre contre les présumés comploteurs et les corrompus, affirme que «la souveraineté de la Tunisie est au-dessus de toute considération», refusant ainsi « toute ingérence dans les affaires intérieures du pays».
Le locataire de Carthage qui, rappelons-le, jouit toujours de la cote de popularité la plus haute selon les récents sondages de «Emrhod Consulting» ainsi que «Sigma conseil» et n’hésite pas à s’offrir des bains de foules comme ce fut le cas lors de sa visite au marché Bab el Falla à Tunis mardi dernier, a affirmé dans son dernier discours que «la Tunisie est un Etat indépendant et souverain et qu’il est ni colonisé ni placé sous protectorat ». Il assure agir dans le cadre du total respect de la loi et qu’il est «le dépositaire des droits des Tunisiens et de la souveraineté de l’Etat tunisien», réfutant ainsi les accusations faites dans la précipitation de certaines parties et de certains pays étrangers.
Appel au respect du principe de non-ingérence
A l’occasion de sa rencontre avec la Cheffe du gouvernement, Najla Bouden, Kaïs Saïed a fait observer «qu’aucun message ni déclarations n’ont été émis pour exprimer la préoccupation de la Tunisie sur la situation des droits et libertés dans les capitales d’où proviennent les réactions sur la situation en Tunisie», faisant ainsi allusion à la résolution 2625 de l’Assemblée générale des Nations unies concernant le principe de non-ingérence : «Aucun Etats ni groupe d’Etat n’a le droit d’intervenir, directement ou indirectement, pour quelque motif que ce soit, dans les affaires intérieures ou extérieures d’un autre Etat». Il a de ce fait appelé ces pays à «interroger leur histoire et leur réalité avant de s’interroger sur la situation en Tunisie».
Au-delà de ces premières réactions, plus ou moins précipitées, et accompagnées d’indignation et d’inquiétude, il aurait été bien sage, voire utile, de préciser qu’on est toujours dans une étape marquée par des enquêtes préliminaires et des auditions sur fond de diverses accusations dont l’une est bien grave et qui relève de l’atteinte à la sûreté de l’Etat. Des hommes d’affaires notoires sont soupçonnés d’avoir comploté contre la sûreté du pays, mais, à ce stade, ils ne sont toujours que des accusés et peuvent donc être libérés avant même qu’ils ne soient traduits en justice. Pourquoi alors cette précipitation ?
Par ailleurs, l’avocate du juge Taieb Rached a souligné dans une déclaration hier, vendredi 17 février, que «le dossier de son client a été transféré au juge d’instruction près le Pôle financier et que ce dernier a décidé, tard dans la nuit, de le laisser en liberté. Toutefois, il sera maintenu en garde à vue dans le cadre d’une autre affaire», selon ses dires.
Manœuvres secrètes ?
Le Président de la République a, par ailleurs, réaffirmé que «la vérité qui sera révélée aura l’effet d’un séisme et ouvrira les yeux des Tunisiens sur les manigances qui ont été faites dans leur dos pendant des décennies». Ceci dénote la gravité de certaines affaires qui risquent de choquer aussi bien l’opinion publique que des pays étrangers au moment où toute la vérité sera dévoilée.
Il est à noter que le Président de la République a dévoilé, devant les hauts cadres du ministère de l’Intérieur lors de sa récente visite nocturne à ce département une tentative d’assassinat ciblant sa personne, sans donner d’autres informations. Mais il va sans dire que les prochains jours apporteront du nouveau à ce propos.
Quant aux présumées restrictions sur la liberté de presse, Kaïs Saïed, s’est demandé lors de sa même rencontre avec la Cheffe du gouvernement si un journal a été censuré ou un programme interdit, ou si un journaliste a été inquiété ou poursuivi pour un quelconque article en lien avec la liberté de la presse, qualifiant ces accusations de «mensongères».
Aider plutôt la Tunisie à récupérer les fonds spoliés
Les parties et pays étrangers ayant manifesté leur préoccupation et inquiétude suite à la vague d’arrestations ont toutefois insisté sur le fait qu’ils respectent «les aspirations du peuple tunisien à une justice indépendante et transparente, capable de protéger les libertés fondamentales pour tous», tout en soulignant que la Tunisie demeure «un partenaire très important en matière de coopération». «Nous pensons que le respect du droit à un procès équitable et les exigences d’une procédure régulière, y compris la transparence judiciaire, sont fondamentaux», a déclaré la commissaire européenne à l’Égalité, Helena Dalli. Et d’ajouter que «le partenariat avec la Tunisie est ancré dans les valeurs partagées comme la démocratie, l’État de droit et les droits humains, y compris les libertés fondamentales». Pour ce qui est du volet socioéconomique, le Président de la République a souligné que «la solution n’est pas dans l’appauvrissement des peuples anciennement colonisés ni dans la soumission aux décisions imposées et dictées qui constituent une nouvelle forme de colonialisme. Le pays est capable de faire son propre diagnostic et de trouver les remèdes nécessaires».
«D’ailleurs, cette situation n’est pas propre à la Tunisie, mais il s’agit d’un contexte international et le résultat d’une décennie de pouvoir. Ceux qui veulent aider la Tunisie doivent d’abord l’aider à récupérer les fonds spoliés et à supprimer ses dettes qui s’accumulent», a encore affirmé Kaïs Saïed.