Tunisie Tribune (Migration clandestine) – Durant cette dernière décennie, le flux migratoire clandestin ne cesse de proliférer, en particulier vers l’Europe. C’est un dilemme dans lequel les pays d’accueil gagnent en main-d’œuvre bon marché et malléable, alors qu’à contrario, les pays d’origine perdent leurs jeunes populations actives.
Le problème qui se pose aujourd’hui, réside dans l’émergence de ces réseaux de passeurs mafieux qui imposent leurs règles, en tant que contrebandiers d’êtres-humains.
Au cours de la semaine dernière, les autorités italiennes ont enregistré l’arrivée de plus de 3000 migrants irréguliers sur l’ile de Lampedusa, en provenance de la Tunisie, dont la majorité est originaire d’Afrique subsaharienne.
D’après les statistiques du Forum pour les droits économiques et sociaux (FTDES), le nombre des personnes disparues aurait dépassé les 136 victimes au cours de cette même période. Pis encore, les autorités tunisiennes ont empêché l’arrivée de 14 080 migrants clandestins sur les côtes italiennes au cours de l’année actuelle, un chiffre 14 fois supérieur à celui enregistré en 2020.»
Le porte-parole du FTDES, Romdhane Ben Omar a imputé cette affluence de subsahariens à partir de Tunis vers les côtes italiennes aux politiques européennes qui imposent des restrictions sur le déplacement des migrants d’une part et d’autre part en raison des efforts de lutte contre la migration irrégulière déployés par la Libye.
A vrai dire, les passages sont plus dangereux, plus chers et périlleux. Les migrants sont aux mains de mafieux sans scrupules.
Les passeurs font monter les migrants dans des bateaux surchargés et n’hésitent pas à les abandonner à leur sort ; les laissant seuls en pleine nuit, souvent dans des forêts qu’ils doivent traverser en courant… Dans le meilleur des cas, les clandestins subisssent la faim, la soif et la peur. Dans le pire des cas, ils servent d’otages et sont torturés. Les femmes sont réduites à l’esclavage sexuel.
Les enquêtes des associations de défense des droits de l’homme, et même de l’ONU, ont montré que les responsables de ces embarquements sont des réseaux mafieux transfrontaliers, impliquant, des Tunisiens et des Libyens, mais aussi certains trafiquants notoires qui connaissent les routes pour traverser le Sahara pour le trafic de cigarettes, de drogue et d’armes, mais aussi des migrants.
Ces mafias bénéficient, selon les observateurs, souvent de la complicité d’autorités locales, qui sont payées pour fermer les yeux.
Parfois, aussi, elles touchent une commission sur le prix et les rançons payés par les migrants. Alors, il y a bel et bien un business lucratif du trafic de clandestins tout le long de l’Afrique du Nord.
Des campagnes de publicité agressives et incitatives se multiplient sur les réseaux sociaux.
Il y a, en effet, des pages Facebook sous la forme de catalogues qui proposent différents prix et divers lieux de départ, souvent sous forme de packages.
En payant plus cher l’immigrant peut bénéficier d’un voyage soi-disant plus sûr, avec un gilet de sauvetage ou une place sur le pont supérieur.
Mais, des naufrages sont enregistrés tous les jours, surtout au large de l’Italie.
Les pays européens tentent depuis plusieurs années d’endiguer ce phénomène, à travers la fermeture des frontières maritimes avec le Sud.
L’Europe a délégué la répression de l’immigration clandestine aux pays des rives sud de la Méditerranée. Et tout cas, ce n’est pas suffisant ni préparé dans les détails, après avoir réfléchi à toutes les conséquences.
Notons que La Tunisie, que les clandestins africains ont choisi comme un pont d’immigration vers l’Europe, fait face avec engagement dans la lutte contre ce phénomène. Il convient de rappeler aussi que le président Kais Saïed a prononcé, le 21 février dernier, un discours très dur contre l’immigration clandestine en Tunisie, appelant à des « mesures urgentes” contre les « hordes des migrants clandestins » en provenance d’Afrique subsaharienne, et dont la présence est, selon lui, source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables ».
Kaïs Saïed a aussi soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement » et d’estomper son caractère « arabo-musulman ».
Selon les chiffres cités par les ONG, plus de 20 000 ressortissants d’Afrique subsaharienne vivent en Tunisie, soit moins de 0,2 % de la population totale.
En conclusion, La lutte contre ce phénomène sera longue et difficile, d’après bon nombre d’observateurs, car, tant qu’il y aura de la demande pour cette immigration irrégulière, il y aura des réseaux mafieux pour l’exploiter.