Malgré les sanctions américaines, Huawei enregistre des ventes en hausse

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  • Le groupe a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires annuel de « plus de 700 milliards de yuans »
  • Cela correspond à une hausse de près de 9% sur un an

Tunisie-Tribune (Huawei) – Le géant chinois de l’électronique a assuré ce vendredi avoir « surmonté la tempête » des sanctions américaines, avec un chiffre d’affaires annuel en augmentation, et un retour remarqué sur le créneau des smartphones. Ce qui interroge sur l’efficacité de ces restrictions.

« Travail acharné »

Le groupe a réalisé entre janvier et décembre 2023 un chiffre d’affaires annuel de « plus de 700 milliards de yuans » soit 88,9 milliards d’euros, a-t-il indiqué aux salariés de Huawei. Cela correspond à une hausse de près de 9% sur un an.

Le responsable n’a toutefois communiqué aucun chiffre pour le bénéfice net ou les ventes de smartphones, lourdement fragilisées ces dernières années en raison des sanctions. Huawei est une entreprise privée non cotée en Bourse. Elle n’est donc pas soumise aux mêmes obligations que les autres groupes pour publier des résultats détaillés. Le groupe, qui s’était félicité d’un chiffre d’affaires globalement stable en 2022, avait néanmoins vu son bénéfice net fortement chuter sur un an (-69%).

« Le travail acharné nous a permis de survivre (…) mais nous avons encore de sérieux défis à relever », a mis en garde Ken Hu, citant incertitudes géopolitiques et économiques, mais aussi restrictions technologiques et barrières commerciales, qui continuent à peser sur Huawei. Toutefois, « les activités de l’entreprise sont en grande partie revenues à la normale », a-t-il assuré.

Recentrage sur les logiciels d’entreprise

Les restrictions américaines ont forcé Huawei à se recentrer sur des secteurs comme les logiciels, les appareils connectés ou l’informatique d’entreprise. La marque reste également le premier équipementier mondial pour la 5G, la cinquième génération de l’internet mobile.

Le groupe a aussi pris le train de l’intelligence artificielle : en juillet dernier, il a ainsi présenté une nouvelle version de Pangu AI, un logiciel IA pour les applications industrielles (finance, mines de charbon, administration gouvernementale). Huawei a également travaillé sur une nouvelle génération de processeurs, alternative aux équipements américains.

Enfin, la firme de Shenzhen a développé sa présence dans le secteur automobile, avec l’annonce, au mois de novembre d’une nouvelle coentreprise avec le groupe public Changan Automobile.

Un nouveau smartphone haut de gamme

Parmi les leaders mondiaux du smartphone avant les sanctions américaines, Huawei a, depuis, pris un sérieux coup dans l’aile sur ce segment. Mais la firme n’a pas arrêté pour autant de fabriquer ce genre d’appareil. Cet été, elle a d’ailleurs dévoilé le modèle « Mate 60 Pro », un smartphone très haut de gamme, dont le lancement interroge sur l’efficacité des sanctions américaines.

Tel un pied de nez à l’administration Biden, sa présentation avait coïncidé en août avec la visite en Chine de Gina Raimondo, la secrétaire américaine au Commerce et responsable de l’application des sanctions. De manière inattendue, le président vénézuélien Nicolas Maduro, dont le pays est également visé par des sanctions américaines, avait lui loué lors d’une conférence de presse à Pékin les performances des téléphones Huawei.

Sous sanctions américaines depuis 2019

Le groupe basé dans la métropole de Shenzhen (sud de la Chine) est depuis plusieurs années au centre d’une intense rivalité technologique entre Pékin et Washington. Les Etats-Unis, sans avancer de preuves, accusent l’entreprise de pouvoir espionner au profit des autorités chinoises, ce que Huawei conteste fermement.

Depuis 2019, des sanctions de Washington coupent ainsi l’entreprise des chaînes d’approvisionnement mondiales en technologies et en composants américains. Pour rappel, ces sanctions économiques ont produit un écroulement des ventes de smartphones Huawei, où il était devenu un cador aux côtés des Apple et Samsung. En 2021, son chiffre d’affaires s’est notamment effondré de 30%, à 634 milliards de yuans (plus de 87 milliards d’euros), avant de se stabiliser en 2022.

Pression des Etats-Unis et de l’UE

Aujourd’hui, les Etats-Unis cherchent toujours à convaincre leurs alliés de proscrire Huawei de leurs réseaux 5G, arguant que Pékin pourrait utiliser les produits du groupe pour surveiller les communications et trafics de données d’un pays. En juin, la Commission européenne a estimé que les fournisseurs chinois d’équipements télécoms, dont Huawei, représentaient un risque pour la sécurité de l’UE. Le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton avait ainsi appelé les 27 pays membres et les opérateurs télécoms à exclure ces équipements de leurs réseaux mobiles.