Tunisie-Tribune (L’intelligence artificielle) – Selon le FMI, le développement de l’intelligence artificielle (IA) aura des conséquences pour 40% des emplois dans le monde et même 60% pour les économies avancées. Les données sont issues d’un rapport publié par le FMI avant les réunions du Forum économique mondial de Davos, qui débutent ce lundi.
Dans un entretien accordé à l’AFP, Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI), dresse déjà le tableau, en s’appuyant sur les données issues d’un rapport publié par l’institution avant les réunions du Forum économique mondial de Davos, qui débutent ce lundi dans la station alpine suisse : « Dans le monde, 40% des emplois seront touchés. Et plus vous occupez un emploi qualifié, plus ce sera le cas. Ainsi pour les économies avancées, et certains pays émergents, 60% des emplois seront concernés. » En mars 2023, Goldman Sachs prédisait que 300 millions d’emplois pourraient être automatisés dans le monde par l’intelligence artificielle générative, notamment dans les pays les plus développés.
Une accélération des inégalités salariales
Selon le rapport, l’IA pourrait accélérer les inégalités salariales, avec un effet négatif tout particulièrement sur les classes moyennes, alors que les salariés disposant d’ores et déjà de hauts revenus pourraient voir leur salaire « augmenter plus qu’à proportion » du gain de productivité que l’IA leur permettrait d’assurer.
« Il est certain qu’il y aura un impact mais il peut être différent, que cela entraîne la disparition de votre emploi ou au contraire son amélioration. Dès lors, que faire de ceux qui seront touchés et comment partager les gains de productivité, que peut-on faire pour être mieux préparés ? » , s’interroge la patronne du FMI.
Denis Machuel, patron du groupe suisse Adecco, numéro un mondial du travail temporaire, ne disait pas autre chose à l’AFP en fin de semaine dernière : « D’un côté, il y a toute la productivité que cela va apporter à la façon dont les gens travaillent. Plus largement, cette augmentation de la productivité va aussi détruire certaines des tâches exécutées. Et personne ne sait véritablement quel va être l’équilibre entre les postes qui vont être détruits ou perturbés et ceux qui vont être créés. L’expérience par le passé nous indique qu’il y a plus ou moins un équilibre entre les deux. C’est ce que nous avions vu avec l’Internet ou la digitalisation. »
« Se concentrer sur les pays à moindre revenus »
Selon le rapport, Singapour, les Etats-Unis et le Canada sont les pays qui se sont le mieux préparés : « Nous devons nous concentrer sur les pays à moindre revenus », estime Kristalina Georgieva. « Nous devons aller vite, leur permettre de profiter des opportunités offertes par l’IA. »
En France, le phénomène de licenciements liés à l’IA reste marginal mais il est bel et bien lancé : la société de veille média Onclusive, qui avait annoncé à l’automne vouloir retravailler son plan prévoyant la suppression de plus de 200 postes en raison de la concurrence et des évolutions technologiques, l’a relancé et pourrait désormais en supprimer 218, selon un communiqué publié en début de semaine dernière. Son directeur France expliquait alors vouloir « améliorer le service » en « introduisant de nouvelles technologies et de nouveaux outils » et en misant notamment sur « l’apport de l’intelligence artificielle » (IA).