Tunisie-Tribune (recettes touristiques en 2023) – 2023 a été une bonne année touristique dans le monde. Si globalement le pic de 2019 a été atteint à 88%, au niveau de l’Afrique du Nord, des records d’arrivées et de recettes touristiques ont été enregistrés. Une reprise touristique très appréciée dans des pays où ce secteur est stratégique, même si les performances enregistrées méritent d’être un peu nuancées.
Après trois années de baisse des arrivées de touristes dans le monde, 2023 a été certainement une année de réelle reprise du secteur du tourisme. Au niveau mondial, selon le baromètre de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), on estime que 1286 millions de touristes internationaux (visiteurs passant la nuit) ont été enregistrés dans le monde en 2023. Ce chiffre est en hausse de 34% par rapport à celui de 2022.
Toutefois, cette embellie est loin d’être complète en ce sens que si de nombreux pays ont battu des records d’arrivée et de recettes touristiques, au niveau mondial, le taux de récupération est encore de 88% comparativement au niveau enregistré en 2019, année de référence avant l’avènement de la Covid-19. Et en ce qui concerne les recettes, celles-ci ont atteint 1600 milliards de dollars, soit 95% du niveau de 2019.
Dans ce contexte, le continent africain a affiché une meilleure reprise que la moyenne mondiale avec un taux de récupération global de 96% en 2023, comparativement à la période d’avant-pandémie. Et les meilleures performances en termes d’arrivée sont à mettre sur les comptes de l’Éthiopie (+30%) et de la Tanzanie (+20%)…
Sur le continent, les pays d’Afrique du Nord demeurent les principales destinations touristiques du continent. L’Égypte, le Maroc et la Tunisie étant les trois premières destinations du continent en termes d’arrivées de touristes. Et les trois pays, pris globalement, ont presque tous enregistré des arrivées records de touristes en 2023, même s’il faut nuancer les statistiques de ces pays qui comprennent les retours des membres de la diaspora pour les vacances et qui tiennent compte également, dans certains cas, comme l’Égypte, des visiteurs ne passant pas la nuit.
Nonobstant, le nombre d’arrivées de touristes dans ces trois pays, selon les mêmes méthodes utilisées, a connu des bonds significatifs, illustrant la reprise de ces secteurs vitaux.
Égypte: toujours première du continent
L’Égypte a accueilli en 2023 un total de 14,9 millions de visiteurs, atteignant presque son objectif de 15 millions de visiteurs, et ce malgré les impacts négatifs de la guerre à Gaza durant les 3 derniers mois de l’année dernière. Avec ce niveau atteint, l’Égypte a battu son record d’arrivée de touristes datant de 2010 et qui était de 14,7 millions de visiteurs, selon le ministre égyptien du Tourisme et des Antiquités, Ahmed Issa. Le séjour moyen en 2023 a été de 9,5 nuits par touriste.
Le tourisme constitue également l’une des principales sources de devises du pays après les exportations et les transferts de la diaspora égyptienne, devant les revenus du canal de Suez. Ainsi, les revenus du tourisme évoluent autour de 15 milliards de dollars, dépassant le record des 13 milliards de dollars enregistrés en 2019.
Selon les autorités égyptiennes, cette hausse est le fait de plusieurs facteurs. Outre la reprise du tourisme mondial, elle s’explique par la conquête de nouveaux marchés, l’encouragement du tourisme arabe, les facilités d’accès au territoire égyptien à de nombreux ressortissants étrangers avec le visa octroyé sur place, les investissements dans les infrastructures touristiques, l’amélioration de la connectivité aérienne du pays… À noter aussi que la chute de la livre égyptienne a beaucoup contribué à rendre la destination égyptienne attractive.
L’Égypte ambitionne d’attirer 30 millions de touristes à l’horizon 2028. Le tourisme représente autour de 12% du Produit intérieur brut (PIB) du pays.
Maroc: record d’arrivées de touristes
Le tourisme marocain a enregistré un record d’arrivées en 2023, et ce malgré le séisme tragique de septembre de l’année dernière. Selon les données du ministère du Tourisme, le Royaume a accueilli 14,5 millions de touristes en 2023, affichant une progression de 34% comparativement à 2022 et de 12% par rapport à 2019, année de référence.
À noter toutefois que 51% des arrivées sont constituées de Marocains résidant à l’étranger (MRE). Les flux de touristes étrangers qui représentent 49% des arrivées ont progressé de 41% par rapport à 2022.
Ce résultat est encourageant en ce sens que le Maroc a dépassé l’objectif qu’il s’est fixé dans sa feuille de route 2023-2026 qui était de 13,4 millions de visiteurs en 2023. Il confirme aussi la consolidation de la reprise du secteur après la période de la Covid-19.
En plus des arrivées, les recettes aussi ont continué leur progression en augmentant de 11,7% par rapport à celles de 2022 pour s’établir à 104,60 milliards de dirhams à fin décembre 2023, selon les données de l’Office des changes.
Reste maintenant à donner un coup d’accélérateur à la feuille de route du secteur qui prévoit d’attirer 17,5 millions de visiteurs et 12 milliards de dollars de revenus en 2026. Un objectif bien à la portée de la destination Maroc.
Outre les impacts du plan d’urgence de 2 milliards de dirhams mis en place pour soutenir les professionnels du secteur, la réouverture complète du ciel après la crise sanitaire, l’augmentation des dessertes du Royaume, la reprise du tourisme mondial après trois années de crise, les opérations de promotion du royaume auprès des professionnels du secteur du tourisme mondial ou les assouplissements dans l’octroi des visas aux ressortissants de certains pays émetteurs sont autant de facteurs qui ont contribué à ces performances.
Toutefois, pour accroitre davantage les arrivées, un accent particulier doit être mis sur l’aérien pour améliorer davantage la connectivité, la diversification géographique des pays émetteurs de touristes, l’élargissement de l’offre touristique particulièrement dans le domaine de l’écotourisme, le développement des capacités hôtelières et des infrastructures de loisirs, la digitalisation et le renforcement de la compétitivité de la destination Maroc… Autant de défis nécessaires pour maintenir un rythme de croissance soutenu du secteur touristique pour atteindre les objectifs fixés, à savoir 26 millions de touristes à l’horizon 2030.
Tunisie : 9,39 millions de touristes grâce aux Algériens et Libyens
La Tunisie a enregistré 9,39 millions de touristes en 2023, un flux en hausse de 45,8% comparativement à 2022. Toutefois, le pays n’est pas arrivé à battre son record de 2019 lorsque le pays a enregistré 9,43 millions de visiteurs.
À noter que le tourisme tunisien est dominé par les arrivées de visiteurs maghrébins dont le nombre a atteint 5,38 millions (57,3% du total des arrivées) dont 3,04 millions d’Algériens et 2,25 millions de Libyens. Derrière, suivent les Européens avec 2,54 millions de visiteurs, en hausse de 41,3% par rapport à 2022, mais toujours en nombre inférieur par rapport à 2019 (-8,9%). Enfin, les arrivées des Tunisiens résidant à l’étranger (TRE) ont atteint 1,25 million de visiteurs, en légère baisse de -1,4% par rapport à 2022 et -13,2% par rapport à 2019.
Ainsi, les arrivées des non-résidents atteignent 8,13 millions de touristes, soit 86,6% de l’ensemble des visiteurs.
Toutefois, si les hôtels ont fait le plein, le secteur touristique tunisien attend toujours son big bang pour moins dépendre du tourisme balnéaire de masse peu générateur de devises. En effet, à fin décembre 2023, les recettes touristiques ont progressé de 28% à 6,7 milliards de dinars tunisiens, soit 2,14 milliards de dollars. Ce qui s’explique par la prédominance d’un tourisme de masse qui ne fait pas recette.
Il faut souligner que le tourisme tunisien est essentiellement balnéaire. Ce type de tourisme occupant 95% des capacités d’accueil du pays.
Pour consolider cette reprise, les autorités ont mis en place une stratégie de développement à l’horizon 2025. Celle-ci est fondée sur 4 axes: le développement de la compétitivité de l’offre Tunisie, la diversification de l’offre touristique, l’impulsion des investissements dans le secteur et le développement des mécanismes de promotion.