Tunisie-Tribune (Démence numérique) – Aujourd’hui, les écrans sont omniprésents et nous savons déjà qu’une utilisation excessive des réseaux sociaux et autres applications peut être néfaste pour notre santé mentale. Mais il semblerait que cela soit encore plus grave qu’on le pensait. En effet, après la “maladie des écrans” qui guette les enfants, un nouveau terme vient d’apparaître : la démence numérique.
Le neuroscientifique et psychiatre Manfred Spitzern affirmait, en 2012, que les médias numériques sont à l’origine d’une dégénérescence du cerveau. Il y a de quoi faire peur à n’importe qui. Depuis quelques années, plusieurs études et recherches s’intéressent à ce “phénomène” et démontrent qu’effectivement, l’utilisation excessive des écrans a un impact négatif sur la santé des usagers, et particulièrement sur les plus jeunes. Mais faut-il vraiment s’alarmer ?
Bannir les médias numériques pour éviter la démence ?
Selon Manfred Spitzern, la démence numérique serait donc une détérioration des capacités cognitives à cause de la surutilisation des technologies numériques, comme le smartphone ou l’ordinateur. Grâce à la technologie, nous activons moins notre cerveau et nous faisons moins appel à notre mémoire, ce qui altérerait nos facultés cognitives. En effet, pour nous rendre d’un point A à un point B, nous nous laissons porter par notre GPS, sans réellement réfléchir à l’itinéraire. C’est plus simple, mais moins stimulant. Connaissez-vous les numéros de téléphone de vos proches par cœur ?
Mais à l’heure actuelle, la démence numérique n’est qu’un concept. Il n’est donc pas possible d’établir un diagnostic médical ou de la quantifier. Néanmoins, il y a certains signes qui peuvent mettre en lumière un problème, comme la perte de mémoire à court et long terme, des difficultés à effectuer plus d’une tâche à la fois, ainsi que des troubles de l’humeur, de la concentration et du sommeil.
Mais le média suisse Le Temps est plus tempéré concernant les craintes de Manfred Spitzern. Effectivement, depuis plusieurs années, des études démontrent le lien entre un temps d’écran accru et des effets néfastes sur la cognition des internautes. Cela dit, le psychiatre allemand oublie de prendre en compte certains éléments. Comme l’explique Gabriel Thorens, spécialiste en addictologie aux Hôpitaux universitaires de Genève, au Temps, “le terme Internet recouvre plusieurs activités différentes. Certaines peuvent être plus délétères que d’autres pour des personnes fragiles”.
Si les médias numériques peuvent avoir des effets néfastes sur les utilisateurs, ils peuvent également être bénéfiques dans certains cas. Une étude portée par Peter Ohler de l’Institut de recherche sur les médias de Chemnitz prouve que les enfants maîtrisant la littératie médiatique, et qui savent donc analyser, hiérarchiser l’information et évaluer les sources, s’en sortent mieux à l’école. Comme toute chose, il y a du positif et du négatif.
L’idéal est donc d’utiliser les écrans de manière raisonnée en limitant les notifications, en évitant le scrolling passif et en prenant le temps de se déconnecter pour se consacrer à des activités plus stimulantes.