Tunisie-Tribune (Club Med) – Finie l’époque des tentes et des cases pour le Club Med. Le groupe finalise sa montée en gamme et publie des résultats record, explique son PDG Henri Giscard d’Estaing dans une interview à L’Echo touristique.
L’Echo touristique : vous venez d’annoncer un volume d’affaires historique, proche de 2Mds€ en 2023 (1,981Mds€ exactement), en croissance de 16% par rapport à 2019. Comment l’expliquer ? L’inflation joue-t-elle un rôle essentiel ?
Henri Giscard d’Estaing : Ces performances sont liées à la transformation du modèle économique du Club Med et à la stratégie de montée en gamme opérée depuis 20 ans. La croissance du volume d’affaires résulte notamment de la hausse du nombre de clients (1,5 million en 2023, NDRL), tirée par la reprise de l’Asie. Le prix moyen par jour a lui aussi progressé, de 8% à 220 euros, en raison d’une combinaison de trois facteurs : la poursuite de la montée en gamme, l’accélération des ventes de séjours ski et montagne, et la répercussion de l’inflation avec l’augmentation des prix de l’électricité par exemple. En 2023, notre résultat opérationnel s’élève à 174 millions d’euros. Notre marge opérationnelle atteint ainsi 9,5%, contre 6,2% en 2019, pour un résultat net de 99 millions. En résumé, la transformation du Club Med est réussie. Nous confirmons notre ambition d’être un champion mondial français du tourisme.
Quel est le montant de la dette du groupe ?
Henri Giscard d’Estaing : Au mois de décembre 2023, la dette nette atteignait 189 millions d’euros, contre 178 millions fin 2019.
Vous évoquez « l’ambition d’être un champion mondial français du tourisme ». Aujourd’hui, n’êtes-vous pas… chinois ?
Henri Giscard d’Estaing : Nous sommes un groupe basé en France, au capital chinois, avec un premier marché qui est français. Nous avons ainsi accueilli 324 000 clients français en 2023 – sur 615 000 en Europe -, contre 319 000 en 2022.
Vous annoncez aussi un premier semestre encourageant avec une croissance des réservations de 14%. L’année 2024 s’annonce également record ?
Henri Giscard d’Estaing : Nous bénéficions notamment d’une forte reprise de l’Asie, mais aussi de tendances favorables en Europe. Le premier semestre 2024 sera donc record après un premier semestre 2023 qui était déjà historique. Cela vient récompenser notre montée en gamme, notre présence internationale, notre stratégie digitale et l’engagement des équipes. L’ensemble de nos 68 resorts seront Premium ou Exclusive Collection d’ici mi-2024. En 2004, seulement 25% d’entre eux étaient haut de gamme.
Quel est le budget consacré à cette montée en gamme, sur 20 ans ?
Henri Giscard d’Estaing : Le seul nouveau resort de Tignes représente un investissement de plus de 120 millions d’euros.
Que dîtes-vous à vos détracteurs, qui jugent vos prix prohibitifs ?
Henri Giscard d’Estaing : Nous avons plus d’admirateurs que de détracteurs puisque nous sommes en croissance structurelle et rentable (rires). Nous sommes la marque haut de gamme et luxe la plus accessible du marché en termes de rapport qualité-prix.
Le tourisme en France fait face à une pénurie de salariés, faute d’attractivité des métiers. C’est également vrai pour le Club Med ?
Henri Giscard d’Estaing : Cette pénurie globale dans le secteur résulte notamment de la période du Covid, une partie des jeunes s’est éloignée du secteur. Toutefois, au Club Med, nous revenons au niveau pré-Covid. Nous avons reçu 14 000 candidatures pour l’hiver 2023/24, soit autant qu’avant la pandémie. Le défi reste la formation et l’accompagnement des équipes. Ceux qui ont quitté le secteur étaient les plus qualifiés. La formation et la montée en compétences de nos équipes demeure un enjeu majeur. Nous allons poursuivre nos investissements en la matière pour accompagner la montée en gamme et la satisfaction des clients. Nous avons réalisé 75 000 stages l’an passé.
Le groupe chinois Fosun, qui possède 100% du capital, a annoncé sa volonté de faire entrer un nouvel actionnaire, a priori à hauteur de 30%. Où en sont les discussions ?
Henri Giscard d’Estaing : Fosun a effectivement partagé sa volonté de céder une part minoritaire du capital pour accélérer son développement. Le projet en en cours. Je ne ferai pas d’autres commentaires.