Tunisie-Tribune (A Cannes) – De passage à Cannes pour présenter sa première production cinématographique, Yana Rai fait partie de ces nouveaux visages artistiques qui apportent diversité et débats. Avec son film Sophiya, la pétillante turque conte une histoire universelle autour de l’amour, la résilience et les différences culturelles dans un drame comique. Un rôle à contre-emploi pour cette entrepreneure qui fait son entrée au pays des strass et des paillettes en tant que réalisatrice et actrice. Un objectif : raconter des histoires sociétales pour faire évoluer notre vision du monde. Rencontre.
Forbes : Que représente pour vous le Festival de Cannes ?
Yana Rai : Pour moi, le Festival de Cannes va au-delà d’un événement cinématographique ; il représente une plate-forme mondiale de reconnaissance artistique et une opportunité de dialoguer avec des sommités de l’industrie cinématographique. Il constitue un canal essentiel pour présenter son travail sur la scène internationale, pour nouer des contacts précieux et acquérir des expériences qui éclaireront nos efforts futurs.
Vous voulez raconter des histoires qui changent notre perception du monde, qui donnent à réfléchir, et questionner notre influence sur le cours de la vie. La mission du cinéma est donc avant tout sociétale et politique ?
Le cinéma assume une fonction sociétale centrale en agissant comme un médium solide pour sonder nos dilemmes moraux, les divergences humaines et les disparités sociales. Cela élargit non seulement les horizons du public, mais joue également un rôle essentiel dans la formation de la conscience sociétale. En favorisant les échanges culturels et en questionnant les normes enracinées dans nos inconscients, le cinéma agit comme un catalyseur de l’évolution sociale, établissant de nouveaux paradigmes de perception et d’interactions au sein des communautés.
Qu’espérez-vous à l’issue de la quinzaine cannoise ?
« Sophiya » est un drame comique qui navigue dans la dynamique complexe entre une jeune femme capricieuse, l’épouse défigurée d’un riche Turc et un sans-abri du Kazakhstan. Le film explore non seulement les thèmes de l’amour et du contraste culturel, mais aussi la résilience et l’endurance humaine face à l’adversité. A l’issue du festival où les choses commencent sérieusement, j’attends avec impatience une reconnaissance et des opportunités de distribution internationale, tout en engageant des conversations sur l’importance de la détermination et de la résilience pour surmonter les obstacles de la vie.
Quels sont les thématiques que vous estimez insuffisamment abordées dans l’univers du cinéma ?
Le cinéma moderne néglige souvent des questions vitales telles que la responsabilité environnementale, la santé mentale et les expériences des migrants. De plus, la protection des droits des minorités est à peine abordée, ce qui offre l’opportunité d’une exploration cinématographique plus profonde et plus réfléchie aux réalisateurs.
Qui sont les auteurs qui vous ont marqués et les films qui ont changé votre vision de la vie ?
Guy Ritchie, le réalisateur est connu pour sa narration dynamique et pleine d’action. Je citerai également Lars von Trier, réputé pour ses récits profondément émouvants et stimulants, tous deux ont profondément influencé ma perspective cinématographique. Le talent de Ritchie pour créer des intrigues captivantes ainsi que le film de von Trier « Nymphomaniac » – qui a suscité une introspection sur la nature humaine et ses dilemmes éthiques – illustrent comment le cinéma peut aborder des sujets complexes avec audace et sans compromis.
Vous êtes une entrepreneure, le cinéma n’est donc pas votre premier métier. A quelles difficultés vous êtes-vous heurtées ?
Mes principaux défis proviennent de la nécessité de jongler avec les exigences liées à la gestion de plusieurs entreprises, de collaborateurs et les multiples efforts sous-jacents à la production cinématographique. Cela inclut les complexités de la gestion du temps, de l’allocation des fonds et de la constitution d’une équipe capable d’exécuter une vision créative.
Vous avez un goût marqué pour l’audace… Qu’est-ce qui vous pousse à explorer des horizons inattendus ?
Mon envie de m’aventurer dans des territoires inexplorés est motivée par une curiosité innée et un engagement à repousser les limites du réalisable. Je suis convaincue que des approches novatrices, tant dans le cinéma que dans les affaires, peuvent conduire à des progrès substantiels et entraîner des changements sociétaux tangibles. Cette recherche de solutions innovantes et la création de produits distinctifs m’encouragent à prendre des risques et à expérimenter, favorisant ainsi une meilleure compréhension de soi tout en exerçant un impact sociétal positif.