Tunisie-Tribune (Intel) – Le géant américain des puces a annoncé qu’il allait licencier 15% de ses effectifs jeudi, après avoir affiché un deuxième trimestre en perte nette d’1,6 milliard d’euros. Intel cherche à rattraper son retard dans l’IA face à son concurrent Nvidia. Le titre du fabricant américain s’écroulait de près de 27% à Wall Street ce vendredi.
Intel va couper à la hache dans ses dépenses. Le concepteur et fabricant des semi-conducteurs a annoncé jeudi un grand plan social pour réduire ses coûts de 10 milliards de dollars : le géant américain des semi-conducteurs prévoit de licencier plus de 15% de son personnel d’ici la fin de l’année. L’entreprise comptait près de 125.000 employés fin 2023, ce sont donc quelque 18.000 personnes qui devraient perdre leur travail.
Après cette annonce, l’action du fabricant américain s’écroulait de près de 27% à Wall Street ce vendredi, en matinée à New York. Intel perdait ainsi sur le papier plus de 30 milliards de dollars de valorisation boursière alors que son titre valait 21,22 dollars, en chute de 26,87% à 20h47 (heure de Paris)
Ce plan social massif est motivée par des résultats très mauvais. En retard sur ses concurrents dans les puces adaptées à l’intelligence artificielle (IA) générative, le groupe américain a publié des pertes nettes d’1,6 milliard de dollars au deuxième trimestre, au lieu d’1,5 milliard de bénéfice net il y a un an. Toujours entre avril et juin, le groupe a réalisé 12,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires, moins qu’attendu par les analystes et en baisse de 1% sur un an.
L’entreprise a subi des « vents contraires » au deuxième trimestre qui ont freiné la production de composants pour la nouvelle génération d’ordinateurs adaptés à l’IA, selon son directeur financier, David Zinsner.
« Notre performance financière a été décevante au deuxième trimestre, même si nous avons franchi des étapes clés en matière de technologie », a aussi reconnu Pat Gelsinger, le patron d’Intel.
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Il a aussi annoncé qu’il ne verserait pas de dividende à la fin de l’année. Autant d’annonces qui ont fortement déplu aux investisseurs.
D’autant que, « les perspectives pour le second semestre sont plus difficiles que nous ne l’avions prévu, et nous tirons parti de notre nouveau modèle d’exploitation pour prendre des mesures décisives qui amélioreront nos processus en termes d’efficacité », a aussi annoncé Pat Gelsinger,
« En orchestrant une réduction des coûts, nous prenons des mesures proactives pour améliorer nos bénéfices », a ajouté David Zinsner. Alors que le reste de l’industrie investit massivement dans les composants électroniques de pointe, payés à prix d’or par les géants des technologies (Microsoft, Google, etc.), Intel compte réduire ses dépenses en capital de plus de 20% pour l’ensemble de l’année, à un montant compris entre 25 et 27 milliards de dollars.
Une stratégie qui n’a pas entièrement convaincu. Le plan de réduction des coûts « peut soutenir ses finances à court terme, mais cette mesure ne suffit pas à redéfinir sa position sur le marché des puces en pleine évolution », a réagi Jacob Bourne, analyste chez Emarketer.
Les bénéfices de l’industrie des puces explosent
Pendant que Intel souffre, le concepteur Nvidia table sur un chiffre d’affaires de 28 milliards de dollars pour son deuxième trimestre comptable, soit un niveau bien plus élevé que les 26,6 milliards projetés par les analystes. Déjà au premier trimestre, le groupe de Santa Clara (Californie) avait dégagé un bénéfice net de 14,9 milliards de dollars, plus que septuplé par rapport à la même période de l’an dernier (+628%). Début juin, le géant américain des semi-conducteurs est même devenu la troisième entreprise à franchir, brièvement, le seuil symbolique des 3.000 milliards de dollars, après Apple et Microsoft avant de devenir la première capitalisation mondiale.
Du côté des fabricants de puces de pointe, l’heure est aussi à la fête grâce à l’IA. Mercredi, Samsung Electronics a annoncé avoir engendré un bénéfice d’exploitation de 10.440 milliards de wons (7 milliards d’euros) entre avril et juin, contre 670 milliards de wons un an plus tôt. Ces résultats dépassent les prévisions des analystes qui anticipaient, en moyenne, un bénéfice de 8.800 milliards de wons, selon les données de LSEG SmartEstimate et représentent un bond de 1.462,29% sur un an. En parallèle, les ventes de Samsung Electronics ont augmenté de 23,4% sur un an à 74.000 milliards de wons (49,5 milliards d’euros).
De son côté, le géant taïwanais des semi-conducteurs, TSMC, a publié le 18 juillet un bénéfice net en hausse de 36% au deuxième trimestre sur un an. Le groupe a dégagé un bénéfice net de 247,8 milliards de dollars de Taïwan (7,6 milliards de dollars) sur la période avril-juin 2024, contre 181,8 milliards de dollars de Taïwan (5,6 milliards de dollars) à la même période l’an dernier. Le chiffre d’affaires du deuxième trimestre a atteint 20,82 milliards de dollars. Début juillet, le groupe, coté à la fois à Taïwan et à New York, a brièvement franchi la barre des mille milliards de dollars de capitalisation boursière, détrônant Tesla comme le septième géant technologique mondial en termes de valorisation.
Intel va recevoir 20 milliards d’euros de subventions pour agrandir son usine américaine
Dépassé, Intel, n’a cependant pas dit son dernier mot. Le géant américain a reçu une bonne nouvelle en mars dernier.
« Le ministère du Commerce est parvenu à un accord préliminaire avec Intel pour lui fournir jusqu’à 8,5 milliards de dollars de financements directs et 11 milliards de dollars de prêts dans le cadre du « Chips and Science Act » », avait annoncé la Maison Blanche dans un communiqué paru le 20 mars.
Cette loi, qui date de l’été 2022, prévoit 52,7 milliards de dollars pour relancer la production de semi-conducteurs aux États-Unis et lutter contre la puissance de la Chine dans cette industrie cruciale. L’enveloppe octroyée à Intel se révèle être le montant le plus élevé annoncé à ce jour par le gouvernement américain dans le cadre de cette loi.
L’enveloppe annoncée ce mercredi participera « à la construction et à l’agrandissement des infrastructures d’Intel en Arizona, dans l’Ohio, au Nouveau-Mexique et dans l’Oregon », avait ajouté la Maison Blanche. De son côté, le géant américain prévoit aussi d’investir. Il devrait ainsi sortir l’équivalent de plus de 100 milliards de dollars, comme l’avait expliqué à des journalistes la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo, en amont de l’annonce officielle. Selon elle, cela représente l’un des investissements les plus élevés jamais réalisés dans l’industrie des semi-conducteurs aux États-Unis.
Grâce à ces investissements, le gouvernement américain anticipe la création de près de 30.000 emplois directs – 10.000 emplois dans la production et 20.000 dans le secteur de la construction -, et « le soutien à des dizaines de milliers d’emplois indirects ».