Tunisie-Tribune (Banque mondiale) – La Banque mondiale alerte sur l’aggravation du fardeau de la dette pour les pays en développement, exacerbée par des taux d’intérêt records. En 2023, ces nations ont consacré 1 400 milliards de dollars au service de leur dette extérieure, un niveau inédit depuis 20 ans. Les paiements d’intérêts atteignent 406 milliards de dollars, limitant les budgets alloués à des secteurs cruciaux comme la santé ou l’éducation.
Les pays les plus vulnérables, notamment ceux éligibles aux prêts de l’IDA (Association Internationale de Développement), sont les plus touchés. En 2023, ils ont remboursé 96,2 milliards de dollars, dont 34,6 milliards en charges d’intérêts, un quadruplement en une décennie. Ces paiements absorbent jusqu’à 38 % des revenus d’exportation dans certains cas.
La pandémie de COVID-19 a aggravé la situation, avec une dette totale pour les pays à revenu faible et intermédiaire atteignant 8 800 milliards de dollars fin 2023, soit une hausse de 8 %. Les pays IDA enregistrent une progression de 18 %, avec une dette cumulée de 1 100 milliards de dollars. Les conditions de crédit se resserrant, les créanciers privés se sont retirés, laissant aux institutions multilatérales, dont la Banque mondiale, le rôle de prêteur en dernier ressort.
Selon Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale, ce déséquilibre reflète les lacunes du système de financement mondial. Haishan Fu souligne que la transparence des données sur la dette est un levier clé pour éviter les crises et stimuler les investissements. Près de 70 % des pays IDA ont désormais publié leurs données sur des plateformes gouvernementales, une progression notable depuis 2020.