Béji Caïd Essesbi : « pas de changement de gouvernement, ni d’élections anticipées, avec un recours à l’armée pour sécuriser les institutions »

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Tunisie-Tribune – le président Béji Caïd Essebsi vient de faire un discours qui se veut historique, ce mercredi 10 mai 2017, au palais des Congrès de Tunis, afin de mettre en garde les Tunisiens et protéger le processus démocratique du pays qui est à priori, sérieusement menacé

« …ne comptez pas sur moi pour un changement de gouvernement, des élections anticipées ou un nouveau Dialogue national en dehors de l’enceinte parlementaire » a-t-il affirmé en substance et d’emblée, devant plus de 800 invités. « Le processus démocratique est sérieusement menacé. Certaines sensibilités non plébiscitées lors des dernières élections, faisant litière des institutions constitutionnelles, descendent dans la rue pour attiser la contestation. D’autres multiplient les menaces en cas d’adoption par l’ARP de certaines lois (insinuant notamment celle relative à la réconciliation nationale). Des voix s’élèvent pour accuser le gouvernement d’échec et appeler à un Dialogue national indépendant des pouvoirs législatif et exécutif. Tout cela, je ne saurais l’accepter. »

"La loi sur la réconciliation économique est salutaire"

« Il est inadmissible, » s’est insurgé Caïd Essebsi, « de nous accuser de légaliser la malversation. Nul n’a le droit de nous en incriminer. Nous avons toujours été respectueux de tous, soyez alors respectueux. Si vous ne voulez pas aider ce gouvernement d’union nationale, au moins laissez-le travailler ! » Il plaidera en faveur de la loi sur la réconciliation économique et financière, estimant qu’elle est salutaire pour débloquer l’Administration publique et favoriser la reprise des investissements, moteur de croissance et de création d’emplois.

"Le pays fait face à un danger majeur"

Après avoir annoncé que l’armée assurera désormais la protection des sites de production et mettra fin à toute barricade coupant les routes, le président Caïd Essebsi a déclaré que la loi sera appliquée sans la moindre tolérance. « S’il y a eu problèmes et laxisme, c’est faute d’application de la loi, » a-t-il dit. « Le pays fait face à un danger majeur. Nous ne devons guère encourager la contestation non pacifique et en dehors des cadres légaux. Autant nous demeurons ouverts au dialogue et à la recherche des solutions, comme ce qu’il en est pour Tataouine, autant nous ne pouvons accepter des revendications irréalistes et coupures des routes.»

"Respecter les règles de la démocratie"

« Il est inadmissible de ferme les yeux sur l’application de la loi au niveau de la protection des sites de production et sur le rétablissement de la circulation sur les voies bloquées par des barricades. » Béji Caïd Essebsi a été flexible à l’égard des « sensibilités politiques » entrées en contestation : « …il y a des partis qui étaient influents qui ont été relégués à un rang inferieur après les élections alors que d’autres ont émergé du scrutin, ce qui est tout à fait normal », a-t-il déclaré.

« Tous doivent cependant respecter les règles de la démocratie. Personne ne sera mis en rade et tous ont le droit à l’expression et à l’action, dans les enceintes appropriées et le respect de la loi. Ceux qui le contestent n’ont qu’à patienter pour les prochaines échéances électorales qui se tiendront à leur terme légal. Sans appeler à des scrutins anticipés. »

Évoquant les attaques dont il fait personnellement l’objet, le président Caïd Essebsi a affirmé qu’il n’en tient pas rigueur à leur auteurs. « C’est ma nature, je ne peux que le leur pardonner », ponctuera-t-il.

"Un grand prestige international"

Sur un ton optimiste, le chef de l’État a mentionné l’amélioration des différents indicateurs économiques durant les quatre premiers mois de cette année et souligné le prestige et le soutien dont bénéficie la Tunisie à l’étranger. Il a cité en appui à ses propos les invitations qu’il a reçues pour prendre part à la grande réunion, le 21 mai courant à Riyad, groupant autour du Roi Abdallah, le président américain Donald Trump avec les dirigeants de 17 principaux arabes et islamiques, le Sommet du G7, les 26 et 27 mai courant à Taormine (Italie), le sommet G20 – Afrique, les 11 et 12 juin prochain à Berlin « Autant de signaux forts », a-t-il affirmé qui doivent nous inciter à redoubler d’efforts pour accélérer notre décollage économique et renforcer notre union nationale pour accomplir les objectifs tant attendus par les Tunisiens »