Tunisie-Tribune (Google injecte des milliers dans l’IA) – Le géant américain s’intéresse de près au journalisme, ce n’est pas nouveau. En juillet dernier déjà, The New York Times expliquait dans un article : « Google procède actuellement à des tests sur un nouveau produit basé sur l’IA pour produire des articles (…) ». L’outil en question, c’est Genesis, mais ce n’est à priori pas de ça dont il est question aujourd’hui. C’est l’hebdomadaire américain Adweek qui vient de rapporter une information toute fraîche dans cette publication datant d’hier. Google a offert l’accès en bêta à une plateforme d’IA générative à des éditeurs indépendants pour qu’ils puissent créer du contenu automatiquement. En échange, ces mêmes éditeurs devront fournir en retour des analyses sur ces outils.
Une innovation à double tranchant
Comme l’explique Adweek, les outils en phase de tests donnent la possibilité à ces éditeurs de taille modeste « de créer du contenu agrégé plus efficacement en indexant les rapports récemment publiés par d’autres organisations, comme les agences gouvernementales et les médias voisins, puis en les résumant et les publiant sous forme de nouvel article ». Un rêve éveillé pour le rewriting à faible coût.
L’accord prévoit que les éditeurs qui collaborent avec ce programme doivent fournir un volume précis de contenu sur un an. Même si les chiffres précis ne sont pas connus, ceux-ci seront rémunérés mensuellement par Google par des sommes atteignant les cinq chiffres.
Autre aspect de cet accord qui reste important à souligner : les éditeurs ne sont pas dans l’obligation de prouver que ces textes auront été générés par IA. Pour Google et les éditeurs, c’est du temps et de l’argent gagné ; en revanche, pour le lectorat, cela reste encore à prouver.
Quel avenir pour le journalisme ?
L’initiative, s’inscrivant dans le cadre de la Google News Initiative (GNI), soulève bien évidemment des interrogations. Si elle peut apparaître comme une solution alléchante pour les rédactions avec peu de moyens, les questions éthiques et pratiques derrière celle-ci méritent d’être considérées.
« En partenariat avec les éditeurs de presse, surtout les plus petits, nous sommes aux premiers stades de l’exploration d’idées pour fournir potentiellement des outils IA pour aider les journalistes dans leur travail » a déclaré un représentant de Google auprès de Adweek.
Comme à son habitude, l’entreprise se veut rassurante : « Ces outils (…) ne peuvent pas remplacer le rôle essentiel des journalistes dans le reportage, la création et la vérification de leurs articles » précise ce même représentant. Un discours bien verni, mais qui ne peut pas dissiper entièrement les craintes à propos de l’impact de l’automatisation sur les emplois dans le journalisme et encore moins sur la qualité du contenu généré.
La volonté de Google qui se cache derrière cet accord reste tout de même encore un peu floue. Cela peut rappeler, dans une certaine mesure, le projet de Facebook. En 2016, l’entreprise avait, elle aussi, financé des rédactions afin que celles-ci utilisent des outils propriétaires ; le but à l’époque était de booster sa nouvelle plateforme, Facebook Live. Celle-ci n’ayant pas rencontré le succès escompté, Facebook a viré de bord et a laissé tomber les contenus vidéos en direct. Résultat : des centaines de journalistes se sont retrouvés sur le carreau après ce virage mal négocié vers la vidéo. Aujourd’hui, rien ne nous dit que les contenus générés automatiquement ne connaîtront pas un échec cuisant à long terme.
- Google investit massivement dans des outils d’IA générative à destination des petits éditeurs.
- Ceux-ci seront tenus de créer des contenus avec pendant un an, période durant laquelle Google les rémunérera mensuellement.
- Malgré les discours rassurants de Google, l’initiative soulève des questionnements d’ordre éthique à propos de son impact sur le secteur journalistique.