Tunis (Musée du Bardo) – en direct du Musée du Bardo, Béji Caïd Essebsi, le Président de la République Tunisienne était l’invité du « Grand Rendez-vous » d’Europe 1, Le Monde & iTélé, ce dimanche 22 mars 2015. Il a été interviewé par Jean-Pierre Elkabbach d’Europe 1, Christophe Ayad du Monde et Michaël Darmon d’iTélé. Il était revenu sur l’attaque du musée du Bardo en ces termes :
« Je ressens beaucoup d’émotion en ce lieu parce que je venais ici quand j’étais gosse alors que notre instituteur nous enseignait l’Histoire de la Tunisie. Et c’est l’Histoire de l’humanité qui est contée dans ce Musée ».
Une stèle au Musée du Bardo pour rendre hommage aux disparus et une grande marche, d’ici le 29 mars.
« Aujourd’hui, je ressens beaucoup plus d’émotion parce que je suis venu dans ce lieu hautement symbolique, après un drame. Un drame pour les Tunisiens et ressenti par tous les hommes sur terre, et ce, parce que des femmes et des hommes étaient venus étudier et admirer cette richesse de l’humanité et se sont retrouvés confrontés à ces dangereux fanatiques ». Ce ne sont pas des faits que l’on oublie facilement et je vous assure que toute la Tunisie est traumatisée.
Le gouvernement va poser une stèle à l’entrée du Musée du Bardo avec les noms de tous ceux qui ont disparu. Il y aura aussi une grande marche de tous les Tunisiens qui se terminera au Bardo, et ce, d’ici le 29 mars ».
Le modèle tunisien est le contre-modèle de ces islamistes, nous resterons debout et nous allons défendre notre modèle de société et nos acquis
« Le modèle de la Tunisie est le contre-modèle de ces gens-là et croyez-moi, nous pensons que la souveraineté de la Tunisie est l’affaire de l’ensemble du peuple tunisien. Tant que nous serons là, nous resterons debout et nous allons défendre bec et ongles, notre modèle de société et nos acquis. Il n’est pas question que l’on puisse reculer devant ce fanatisme ».
Un troisième terroriste a été identifié et est activement recherché
Interrogé sur l’avancée des investigations sur les auteurs de cette attaque, revendiquée par le groupe djihadiste de l’État Islamique (EI),
Le président Béji Caïd Essebsi a évoqué pour la première fois, l’existence d’un troisième terroriste. « Il y avait trois agresseurs identifiés. Deux ont été exécutés, au cours de l’assaut des forces de l’ordre, mais un troisième court toujours *. »
(* Il est à noter qu’environ une dizaine d’arrestations ont été déjà effectuées pour avoir aidé directement et indirectement au niveau de la logistique les terroristes en question, mais la police ne veut rien divulguer tant que l’enquête n’a pas abouti à du concret).
« De toutes les façons, il n’ira pas très loin. À situation exceptionnelle, moyens exceptionnels. Nous avons demandé au peuple, via un avis de recherche, de nous aider à l’arrêter, parce qu’il est directement concerné par cela ».
À la question s’il y a eu ou non des failles dans la surveillance du musée du Bardo ?
Le président Béji Caïd Essebsi répondit que « Ce n’est pas la foire ici, on n’entre pas aussi facilement, mais il faut reconnaitre qu’il y a eu des dysfonctionnements, l’enquête est en train de le déterminer et les responsables « auront affaire à l’administration ».
« Le terrorisme n’a pas d’ancrage ni de tradition en Tunisie ».
Comment la Tunisie peut-elle se prémunir contre les menaces terroristes venues de pays voisins, comme la Libye ?
« La Libye est un de nos problèmes. Mais en Tunisie nous sommes confrontés avec les problèmes de l’ensemble de la région dans laquelle nous sommes.
Le terrorisme en Tunisie n’a pas de véritable ancrage ni de tradition. C’est un terrorisme régional et non propre à la Tunisie. Nous sommes en train de le combattre et les choses vont en s’améliorant, mais ce combat devrait concerner tous les pays de la région ».
Interrogé sur le terreau djihadiste que constitue la Tunisie, qui fournit le plus gros contingent de combattants étrangers au sein des rangs djihadistes en Irak et en Syrie, le président a estimé que le phénomène était récent et que cela remonte aux trois dernières années.
Les services de renseignements estimeraient à environ 500 le nombre de djihadistes revenus sur le territoire tunisien, qu’en est-il ?
« Cela nous préoccupe. Ces gens qui sont revenus de Syrie ou d’ailleurs ne sont pas des enfants de chœur. Trois choix s’offrent à nous, soit on les met en prison, soit on les tue, soit on les surveille de près !
Quand on les surveille, il y a toujours des défaillances », a déploré le président.
« Il faut que tout le monde comprenne que le terrorisme n’est pas uniquement une affaire tunisienne. Tout le monde est concerné, les Français en premier lieu et les Italiens aussi ».