Tunisie-Tribune ( Séminaire d’été Africa 2 ) – Comment mettre en œuvre l’Agenda 2030 de développement durable dans un contexte d’économie informelle et d’absence ou de défiance de l’Etat ? Comment évaluer des problématiques publiques, mettre en place des politiques, faire le suivi et l’examen dans un contexte où les données sont manquantes, où l’Etat n’est pas en mesure d’agir ? Si les ODD se veulent universels et qu’ils visent à réduire les inégalités entre les populations, comment agir dans ce type de contexte ? Quelles ont été les problèmes soulevés ? Les solutions mises en avant ? Les innovations développées dans cette situation ?
Le terme d’informalité en Afrique regroupe plusieurs notions.
Le terme de travail informel est apparu pour la première fois en 1972 dans un rapport du Bureau International du Travail (BIT) portant sur les microentreprises au Kenya. D’après Karine Bennafla, professeure à l’Université Jean Moulin Lyon 3 « l’informalité est un terme générique forgé en référence au cadre réglementaire et institutionnel. Il désigne des activités ou des pratiques qui s’exercent hors des règles [la relations entre individus prime sur l’institutionnel]. Selon les cas, ce jeu transgressif peut être choisi ou bien contraint lorsque le droit en vigueur réduit certains à y avoir recours pour vivre, travailler, se loger, se déplacer. La spécificité de l’informalité est d’échapper, tout ou partiellement, aux archives, à la mesure et aux statistiques officielles »[1]. Selon les disciplines académiques (économie, sociologie, anthropologie, sciences politiques), la notion peut être élargit aux questions de revenu, d’emploi, d’entreprise, d’épargne, d’habitat, de commerce, de transport, de flux transfrontaliers, d’institution et de mode de gouvernance.
Il faut souligner toutefois que la limite entre formel et informel n’est pas toujours très claire, en particulier en Afrique, ou des acteurs formels peuvent avoir recours à l’informalité. En outre, l’informalité n’est pas systématiquement liée à la pauvreté.
Situation en Afrique
En Afrique, 85,8 % de l’emploi est informel ce qui en fait la région du monde la plus touchée par ce phénomène (68,2 % en Asie et dans le Pacifique, 68,6 % dans les États arabes, 40 % dans les Amériques, 25 % en Europe et en Asie centrale). Entre 2010 et 2014, 38% du PIB africain était issu du secteur informel d’après la Banque africaine de développement (dont 50 à 65% du PIB dans les PMA africains, pays les plus touchés)[2].
Les secteurs économiques les plus concernés sur le Continent sont les secteurs minier, manufacturier, et surtout les services. Ce phénomène touche plus les hommes que les femmes, plus les gens sans instruction que les diplômés, plus les campagnards que les urbains[3].
D’après plusieurs enquêtes, les « tracasseries avec les pouvoirs publics » sont la principale motivation qui pousse les personnes à aller dans l’informel
Les conséquences de l’informalité
Jusqu’à récemment de nombreux experts du développement et des gouvernements considéraient l’informalité comme un remède au chômage ou la voie d’accès principale au logement (« l’amortisseur social ») ce qui fait que le secteur informel a été largement toléré en Afrique[4]. Cependant les choses changent sous la pression des organisations internationales.
En outre, les effets négatifs sont là. L’informalité pose problème pour des centaines de millions de travailleurs, signifiant un manque de protection sociale, de droits au travail et des conditions de travail décentes. L’informalité est également synonyme pour les entreprises d’une faible productivité et d’un manque d’accès au financement, et pour les Etats il s’agit d’un manque criant de recettes fiscales et d’une incapacité à mener des politiques publiques efficaces faute de données.
Programme :
- 13h30-14h Ouverture des portes, accueil des participants, café de bienvenue
- 14h-14h20 Mots de bienvenue et introduction
Gervais Rufyikiri, ancien Vice-président du Burundi, fellow au GCSP, membre expert d’Africa 21
PARTIE 1 Etat des lieux
- 14h20-15h « Un aperçu de l’économie informelle en chiffres: le monde et l’Afrique »
Florence Bonnet, Spécialiste du marché du travail / Economie informelle à l’OIT - 15h-15h20 « informal employment behavior in Africa vs Latin America and how to transform it into development »
Nathaly Palma, membre expert d’Africa 21 - 15h20-15h40 « Pluralités des réalités de l’informalité au Sénégal »
Alioune Dione, Coordinateur de la cellule d’Etude et de Planification du Ministère de la femme, de la famille et du genre du Sénégal, Président d’Africa 21 Sénégal - 15h40-15h55 Echanges avec la salle sur les expériences et témoignages liés à l’informalité en Afrique (conclusion de la partie 1 sur l’état des lieux)
PARTIE 2 Politiques, initiatives et solutions
- 16h10-16h35 “Informality and firm performance in Africa “
Joseph Baricako, Economic Affairs Officer, UNECA - 16h35-17h00 “ILO approach to transition to formality (R204) – Formalising enterprises and their workers”
Judith Van Doorn, Specialist Enabling Environment for Sustainable Enterprises and Enterprise Formalisation, Enterprises Department /SME Unit - 17h-17h20 “Developping a narrative for middle income countries in Africa toward BAPA+40“
Victor Ovales Santos, Senior Economic Officer, UNCTAD - 17h20-17h40 échanges avec la salle (conclusion de la partie 2 sur les solutions)
- 17h40-18h Conclusions, remerciements et mots de clôture
Ne pas oublier une pièce d’identité pour accéder au bâtiment (service de sécurité de l’ONU).
Pour y accéder : Bus 1, 11, 25, 28 arrêt au terminus « jardin botanique »