Tunisie -Tribune ( Nida Tounès ) – Que peut apporter cet ancien «exilé forcé» bourré de fric à un parti comme Nida Tounès ? Peut-il vraiment faire figure de leader assorti, moderniste, progressiste, bourguibiste ou bourguibien ?!
La brusque ascension de Slim Riahi au gouvernail du parti présidentiel en tant que secrétaire général, désoriente autant les acteurs de la classe politique que les observateurs tant nationaux qu’internationaux.
L’intéressé s’était subrepticement faufilé dans l’arène politique, au-lendemain de la révolution, quelques semaines après s’être intronisé à la tête de la prestigieuse association du Club Africain où sa surface financière a, sans doute, opéré. Mais sa quête d’un club sportif à subventionner l’avait conduit, auparavant, à faire des avances ici et là jusqu’à la concrétisation. Preuve que son attachement au club de Bab Jédid n’était qu’une convenance.
Dans le monde de la politique, ses allées et venues n’ont pas beaucoup différé. Collant, au début, à Ennahdha, tout en s’en démarquant, il s’est assez vite illustré par son rôle dans la rencontre historique de Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi. Et la gratitude des électeurs va jouer.
Après les législatives de 2014 où son parti, l’UPL, s’est ainsi classé troisième avec 16 députés, il s’est montré hésitant, voire inclassable, renversant ses sympathies et ses alliances au gré des rencontres et des déclarations.
On ne peut pas dire de lui que c’est un démocrate aguerri, ni un républicain hors pair. On ne l’a pas vu s’élever contre les dérapages de la Troïka, ni critiquer la première version de la Constitution, encore moins prendre la défense de l’héritage bourguibien. Mais certains de ses lieutenants se sont parfois distingués par des prises de position méritant l’attention, ce qui leur valut le dédain du «patron».
Dans les coulisses de la politique et du sport, on dit de lui qu’il rêve de la présidence et que, sur cette question, il n’est nullement «sportif». Cependant, il a la réputation de soutenir et défendre ses hommes jusqu’au bout, ce qui lui vaut, de leur part, une fidélité exemplaire. À l’exception de quelques-uns, à l’image de Mohsen Hassen qui vient de quitter Nida juste à son arrivée.
Sa fortune personnelle a été son passeport et sa carte de visite, et il a effectivement déboursé beaucoup d’argent à son retour en Tunisie. Mais, au fur et à mesure, les moyens lui ont manqué, malgré, de temps à autre, des périodes de reflux particulièrement fastes. Et l’on rapporte, dans la gestion du Club africain, de véritables périodes de vaches maigres.
Maintenant, que peut apporter cet ancien «exilé forcé» bourré de fric à un parti comme Nida Tounès ? Peut-être l’argent dont ne pourront se passer les prochaines élections.
Mais peut-il vraiment faire figure de leader assorti, moderniste, progressiste, bourguibiste ou bourguibien ? Pourra-t-il coller à l’image réformatrice d’un socialisme de marché moderniste couvant la prospérité partagée qu’attendent les électeurs qui avaient fait confiance à Nida Tounès ? Et ceux-ci vont-ils reconnaître en lui l’un des leurs, ou se détourner de ce nouveau venu sans légitimité qui vient combler une case vide pour faire pencher la balance à l’Assemblée ?
Il reste que les tout prochains jours vont nous montrer, en premier lieu, si les nidaïstes en place, autour de Hafedh Caīd Essebsi, assimileront la greffe sans broncher. Et dans quelle mesure les députés UPL suivront la consigne de leur mentor, en rejoignant le groupe parlementaire nidaïste.