Tunisie-Tribune (Ravitaillement en vol de l’Armée américaine) – Les deux groupes de construction aéronautique, Airbus et Lockheed Martin viennent de signer un accord pour explorer ensemble les moyens de répondre aux besoins de l’armée américaine en matière de ravitaillement en vol.
« L’US Air Force mérite la meilleure technologie et la plus haute performance en matière de ravitaillement en vol et c’est précisément ce que la formidable équipe industrielle regroupant Lockheed Martin et Airbus entend offrir », a déclaré le patron d’Airbus, Tom Enders.
Cette coopération est fondée sur l’A330 MRTT (Mutli Role Tanker Transport) fabriqué par Airbus à Toulouse et à Gefate près de Madrid, dont Airbus a déjà livré 33 exemplaires dans le monde (60 appareils commandés).
Des besoins non satisfaits
Pour le constructeur aéronautique européen, qui avait failli remporter l’appel d’offres du marché des ravitailleurs de l’US Air Force en 2008, avant d’en être battu par Boeing , le temps est peut-être venu de jouer la revanche. Après de multiples retards et surcoûts , Boeing commence seulement cette année à livrer à l’armée américaine ses nouveaux tankers KC-46 dérivés de son gros-porteur 767, alors que le contrat pour la livraison de 176 appareils moyennant 49 milliards de dollars a été finalisé en 2011.
Aussi, l’US Air Force s’inquiète de devoir faire face à des déficiences en matière de ravitaillement de plus en plus importantes dans les années à venir. L’été dernier, elle a ainsi rencontré les industriels pour leur demander s’ils pouvaient mettre sur pied une offre qui lui permettrait de louer des capacités de ravitaillement en vol, au fil de ses besoins, notamment pour l’entraînement de ses pilotes. Une opportunité aussitôt repérée par le numéro un mondial de la défense, Lockheed Martin, qui, faute d’avoir des compétences dans la construction de gros-porteurs et de ravitailleurs, s’est tourné vers Airbus.
Une offre fondée sur l’A330-MRTT
L’idée serait de monter une entreprise de services, un peu sur le modèle de la société publique-privée britannique Airtanker Services, qui soutient la Royal Air Force (RAF). « Nous espérons que l’US Air Force lancera l’an prochain un appel à propositions auquel les deux groupes désormais alliés seront en mesure de répondre », explique-t-on chez Airbus.
A plus long terme, Airbus espère surtout s’ouvrir de façon plus large les portes du marché américain avec son nouvel allié. En effet, dans les dix ans à venir, l’US Air Force, qui exploite près de 500 avions ravitailleurs, devrait lancer un nouvel appel d’offres pour remplacer notamment ses vieux KC-10.
Or, le MRTT d’Airbus semble mieux placé que le KC-46 de Boeing. « Lorsque nous avions gagné le marché américain, c’était en partie parce que l’US Air Force appréciait notre plus grande capacité de ravitaillement que Boeing », se souvient-on chez Airbus. En service depuis 2012, le MRTT d’Airbus a en effet une capacité de refueling en vol 20 % supérieure à celle du KC-46.
L’armée française, qui a reçu son premier exemplaire de MRTT en octobre dernier, évoque une capacité de ravitaillement de 50 tonnes de carburant à 2.000 km du point de départ et de 40 tonnes à 7.000 km, à comparer avec une capacité de ravitaillement de 17 tonnes pour l’ancien Boeing C135 toujours en service dans l’armée de l’air. L’avion, qui a déjà 165.000 heures de vol, ravitaille autant les Rafale que les Eurofighter, les Awavs, ou la flotte américaine (F35, F15, F16, P8).
Pour une alliance de long terme
Airbus et Lockheed Martin scellent aussi une alliance de très long terme. Ils évoquent dans leur communiqué commun leur collaboration pour concevoir l’avion de ravitaillement du futur à l’horizon 2040, afin de lui apporter des dimensions de furtivité et de connectivité qui n’existent pas encore.
Pour l’heure, il ne s’agit que de déclaration d’intention. La concrétisation via une société commune ou une offre commune ne se fera qu’avec le premier appel d’offres à venir des forces américaines. Mais en additionnant le marché américain au reste du monde, l’avion ravitailleur d’Airbus passe d’une centaine de ventes potentielles à plus de 400 à moyen terme, un véritable bond.