Tunisie-Tribune (Boeing 737 MAX) – Le nouveau chef de la FAA n’a toujours pas avancé de date sur le retour en service aux États-Unis de cet avion phare du constructeur aéronautique.
Lundi 23 septembre, l’Agence fédérale de l’aviation américaine (FAA) a indiqué que la levée de l’interdiction de vol du Boeing 737 MAX, cloué au sol après deux accidents ayant fait 346 morts, se fera pays par pays, semblant ainsi acter les divergences existant entre les autorités de l’aviation civile mondiales. Plus de six mois après l’immobilisation au sol de cet appareil, il n’y a toujours pas de date pour son retour dans le ciel.
Steve Dickson, le nouveau chef de la FAA, n’a en outre pas avancé de date sur le retour en service aux États-Unis de cet avion phare du constructeur aéronautique. Il a par ailleurs confirmé à ses pairs, réunis à Montréal, qu’il envisageait de voler lui-même dans le 737 MAX modifié avant que celui-ci ne retourne dans le ciel américain, selon le texte de son discours transmis à l’Agence France-Presse. «La FAA continue à suivre un processus minutieux, et non un calendrier imposé, pour remettre en service l’appareil», a précisé Steve Dickson. «Notre priorité est la sécurité et (par conséquent) nous n’avons pas arrêté de calendrier pour savoir quand notre inspection sera terminée», a insisté le responsable dans un discours, transmis à l’Agence France-Presse et prononcé devant ses pairs lors d’une réunion à huis clos à Montréal.
La FAA examine actuellement les changements apportés par Boeing au logiciel MCAS, le système anti-décrochage spécialement conçu pour le MAX et mis en cause, par des enquêtes préliminaires, dans les accidents d’Ethiopian Airlines du 10 mars dernier et de Lion Air du 29 octobre 2018. Elle attend encore de recevoir les modifications effectuées sur le système de contrôle de vol. Boeing a suspendu les livraisons du MAX et en a réduit la production de 20%. Les spéculations vont bon train. Des experts tablent sur un retour en service au printemps 2020 tandis que des compagnies aériennes, comme SouthWest et Air Canada, ont supprimé le MAX de leurs programmes de vol au moins jusqu’à début janvier prochain.
Divergences entre les régulateurs
La FAA a par ailleurs reconnu lundi que les dissensions avec les autres régulateurs, notamment les Européens et les Canadiens, n’allaient pas permettre au 737 MAX modifié de revenir dans le ciel mondial de manière simultanée. «Chaque gouvernement prendra sa propre décision sur le retour en service de l’appareil, fondée sur un examen approfondi sur sa sécurité », a déclaré le régulateur, dont la proximité avec Boeing est dénoncée de toutes parts depuis plusieurs mois. Les Européens, via l’Agence de l’aviation civile européenne (AESA), jugent par exemple non satisfaisante la solution de Boeing à la défaillance éventuelle des sondes d’incidence (Angle Of Attack, AOA) transmettant les informations au MCAS. Les Canadiens exigent une formation des pilotes sur simulateur tandis que les Américains jugent suffisante une simple formation sur ordinateur ou iPad.
Il est reproché à la FAA d’avoir été la dernière autorité à clouer l’avion au sol et d’avoir confié à Boeing l’homologation des systèmes importants du 737 MAX, dont le MCAS. Les autorités indonésiennes estiment, dans les conclusions préliminaires d’un rapport, que des problèmes dans la conception du 737 MAX et dans sa supervision ont joué un rôle important dans le crash de l’appareil de Lion Air, selon le Wall Street Journal. Un panel de régulateurs internationaux, mis en place par la FAA, devrait par ailleurs remettre dans les prochaines semaines un rapport très critique sur les relations entre Boeing et l’autorité, selon une source proche du dossier.
Boeing, qui fait face à une centaine de plaintes, a proposé lundi de verser 144 500 dollars à chaque famille des 346 victimes, argent venant d’un fonds spécifique doté au total de 100 millions de dollars. Ce montant représente un peu moins que le prix catalogue d’un 737 MAX, 110 millions de dollars.