Tunisie-Tribune (L’Italie) – Ils étaient parmi les plus nombreux comparés à la population en Europe. Les parlementaires italiens seront désormais les moins nombreux avec les Allemands. Les députés votent aujourd’hui en dernière lecture et en séance plénière une réduction de plus d’un tiers (36,5%) du nombre de parlementaires.
De 945, ils passeront à 600 parlementaires : les députés seront 400 contre 630 aujourd’hui, les sénateurs 200 contre 315 aujourd’hui. Cette réforme constitutionnelle a été portée par le Mouvement 5 Étoiles qui en avait fait une condition non négociable de son alliance avec le Parti démocrate après le coup de force raté du chef de la Ligue et ancien ministre de l’Intérieur Matteo Salvini. Les démocrates se sont opposés à chaque vote à cette réduction des parlementaires. Ils ont voté contre à deux reprises au Sénat et une fois à la Chambre des députés mais devraient voter pour lors de cette dernière séance à la Chambre.
Économiser jusqu’à 100 millions d’euros par an
Les 5 Étoiles ont fait leurs propres comptes et annoncent 500 millions d’euros d’économies sur une législature qui dure cinq ans. De son côté, l’Observatoire des comptes publics estime à 57 millions les économies soit 285 sur une législature. En Italie, le coût de fonctionnement du Parlement, Sénat et Chambre des députés confondus, s’élève à 1,5 milliard d’euros chaque année. Les défenseurs de cette réduction des parlementaires qualifiée d’historique par le Mouvement 5 Étoiles mettent aussi en avant la nouvelle efficacité dans la prise de décision et l’organisation du travail législatif explique la député 5 Etoiles Vittoria Baldino
Cette réforme constitutionnelle sera plus large qu’une simple coupe claire dans le nombre des parlementaires. Pour accepter de la voter, le Parti démocrate a notamment négocié tout un paquet de garanties à mettre en place dés que le projet de loi sera acté. En premier lieu, la réforme de la loi électorale avec une meilleure représentativité pour certains partis et qui permettrait d’injecter une dose de proportionnelle et ainsi faire en partie barrage aux forces de droite données très haut dans les sondages si elles s’allient lors des prochaines élections (Ligue, Forza Italia et Fratelli d’Italia). Au sein de la majorité, le nouveau parti de Matteo Renzi joue les troubles-fêtes : Maria Elena Boschi assure qu’Italia Viva « tiendra ses engagements » mais affirme que la réforme « n’améliorera pas le fonctionnement du Parlement ».
Plus de stabilité politique ?
Le ministre 5 Etoiles des Réformes Federico D’Incà se dit « convaincu qu’après la réduction du nombre de parlementaires, nous aurons trois ans et demi de stabilité du gouvernement et l’ouverture d’un processus de réformes pour améliorer notre Constitution. »
Les partis qui forment la nouvelle alliance au pouvoir se sont entendus pour « limiter l’utilisation des décrets d’urgence ». Ils vont introduire « des votes par date » pour les mesures gouvernementales ce qui n’existaient pas auparavant. Ils sont aussi censés réformer la motion de défiance envers le Président du Conseil en exercice en donnant des garanties au pouvoir en place, un moyen de stabiliser l’exécutif.
Moins de représentativité pour les citoyens italiens
Les critiques de cette réforme ont souvent porté sur la « réduction de la démocratie » : moins de parlementaires, ce sont moins de territoires représentés au niveau national, moins de langues régionales défendues à Rome. L’Italie deviendrait ainsi le pays où le nombre de parlementaires comparé à la population sera le plus faible juste après l’Allemagne. Il passerait de un parlementaire pour 63 000 aujourd’hui à un parlementaire pour plus de 100 000. En Allemagne, on compte un parlementaire pour 105 000 habitants. En Espagne, un parlementaire pour 75 000 habitants, en Grande-Bretagne (pays le mieux loti) un parlementaire pour 45.000 habitants ; et en France un parlementaire pour 70 000 habitants avant la réforme déjà présentée en Conseil des ministres fin août mais pas encore programmée au Parlement. La réforme française prévoit la suppression de 25% des parlementaires (contre 36,5% en Italie) et amènerait la France à peu prés au même rang que les Italiens avec un peu moins de 100 000 habitants pour un parlementaire.