Dans sa Chronique, Synda Tajine parle de sortie héroïque de Habib Jamli

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Tunisie-Tribune (sortie héroïque de Habib Jamli) – selon la pertinente Chronique de Synda Tajine, Habib Jamli en avait marre d’être la risée de tous. Flanqué du sobriquet de chef de gouvernement « marionnette », trainant une communication défaillante et une présence presque ridicule, il décide, après moult tergiversations et négociations en tout genre, de montrer que c’est lui le chef et que c’est lui qui commande. « Quel intérêt de nommer un chef de gouvernement indépendant si les ministères sont nommés par les partis ? », s’est-il indigné hier dans sa sortie médiatique. Une conférence de presse lors de laquelle il a annoncé qu’il ne consultera désormais plus personne, qu’il décidera seul et qu’il assumera pleinement son rôle de chef de gouvernement indépendant.

Habib Jamli a pu avoir son petit moment de gloire. Il a été timidement applaudi par ceux qui se sont empressés de réagir sous le coup de l’émotion. Et l’émotion était là. Un chef de gouvernement qui « tourne le dos aux partis »qui décide de faire cavalier seul et qui privilégie l’intérêt du pays envers et contre nous. Tout cela est bien beau. Après la déception qu’offre Kaïs Saïed, les foules ont pu apercevoir un soupçon de panache politique dans la réaction de Habib Jamli.

Mais inutile de se rédos à Ennahdha, le parti lui-même se réjouit de dire que le soutien qu’il lui offrira n’en sera que plus grand. « Le gouvernement de compétences indépendantes [idée de Habib Jamli] bénéficiera du plus large soutien que ceux qui l’ont précédé, il offrira la meilleure configuration pour la Tunisie dans la situation actuelle », annonce Rached Ghannouchi chef d’Ennahdha. Le même Ennahdha qui a, lors d’une conférence de presse tenue plus tôt dans la matinée, essayé de se désengager de toute responsabilité dans le blocage de la formation du gouvernement en jetant le tort sur Attayar, en premier lieu, et ensuite Echaâb. Une conférence de presse qui a été organisée dans l’unique but d’« éclairer l’opinion publique sur les véritables responsables du blocage »Des propos que les dirigeants du parti n’ont pas cessé de répéter à l’envi ces derniers jours.

jouir trop vite…

Aussitôt que Habib Jamli a annoncé qu’il tournait le Si telle est la solution optimale, pourquoi ne pas l’avoir appliquée dès le départ ? Pourquoi avoir perdu – et avoir fait perdre au pays – de précieuses semaines de tergiversations, de négociations et de débats stériles si la solution est aussi évidente ?

La notion même d’indépendance est surfaite aujourd’hui. On présente Habib Jamli comme étant un indépendant en 2019 alors qu’il avait été estampillé Ennahdha en 2011. De même qu’on parle d’un gouvernement de compétences nationales, indépendantes et apolitiques alors que tous ses membres devront obtenir l’aval et le soutien des partis politiques.

  • Est-ce que Habib Jamli réalise l’ampleur de la tâche dans laquelle on l’a embourbé ?
  • Est-ce qu’il se rend compte de la mission périlleuse dans laquelle on l’a placé ?

Le problème avec Habib Jamli n’a pas vraiment été la satisfaction des revendications des partis qui devaient composer son équipe. Son problème a toujours été le parti même avec lequel il s’est allié et qui l’a désigné pour assurer cette lourde mission. Et le parti, s’il s’est retrouvé dans une position fragile après les élections, ne compte pas abandonner la partie de sitôt. Ennahdha a en effet une solution sous la main et en profite même pour couper l’herbe sous le pied du chef de l’Etat qui s’essaie à une tentative – ratée- de repêchage de dernière minute.

Qui peut vraiment penser que le parti de Rached Ghannouchi a désigné l’un des siens à la Kasbah en le présentant comme un indépendant, l’a mis dans une situation inextricable en essayant de jeter tous les torts sur ses adversaires/partenaires au pouvoir, mais n’a pour autant pas prévu la moindre issue à tout cela ? Difficile à croire.

Il est très probable que le gouvernement dit de compétences passe sans accroc le test du Parlement. Il peut déjà compter sur les voix d’Ennahdha, qui est derrière lui et qui est à l’origine même de l’idée.

Il peut aussi compter sur les voix de Qalb Tounes puisqu’il colle parfaitement à la proposition émise par Nabil Karoui hier, quelques minutes avant la conférence de presse. Aucune surprise donc, puisque comme a dit Rached Ghannouchi « le gouvernement sera ouvert à tous les partis ».

Source : Chronique de Synda Tajine / Business News