Tunisie-Tribune (UGTT) – Le missile de l’UGTT n’aura pas tardé après les inquiétants bruits du gouvernement sur une réduction des salaires du public si la situation économique se tend davantage. Bon, c’est déjà le cas. Donc la centrale syndicale, très stratégiquement, anticipe pour forcer le chef du gouvernement à se sortir de la tête la baisse des salaires pour se faire une cagnotte. Le bureau exécutif de l’UGTT, en conclave ce mercredi 17 juin 2020, l’a clairement signifié à Elyes Fakhfakh.
Mieux – ou pire, c’est selon – «le gouvernement doit s’évertuer à tenir ses engagements sur les conventions générales et sectorielles, notamment la troisième tranche de la hausse des salaires dans la fonction publique. L’UGTT exige le strict respect des droits acquis libellés dans les lois et règlements, comme les promotions» indique le communiqué.
Il est aussi question de réactiver les dossiers gelés et solutionner les nombreux problèmes sectoriels et régionaux, tels que les accords conclus à Kamour, de meilleures conditions de travail pour acheter la paix sociale. La révision du salaire minimum garanti fait partie des exigences des compagnons de Noureddine Taboubi…
Enfin la centrale syndicale demande aux autorités de donner corps à la loi sur l’économie sociale et solidaire, surtout dans ce contexte difficile, afin d’accompagner les secteurs privé et public, de faire repartir la machine économique nationale et combattre le fléau endémique du chômage.
L’UGTT demande beaucoup. Bon, elle est à peu près certaine qu’elle n’aura pas tout ce qu’elle exige, mais le but de la manœuvre est claire : demander le maximum pour arracher le minimum. Et puis il ne faut pas écarter l’éventualité que le conflit dégénère si le gouvernement persiste dans ses velléités de rogner les salaires. L’ex-chef du gouvernement, Youssef Chahed, avait tenté de passer en force en zappant les accords paraphés avec l’UGTT ; il a fini par plier après deux grèves générales. Même destin pour Fakhfakh ? Wait and see…
