«C’est la santé qui est la vraie richesse et non des pièces d’or et d’argent» – Mahatma Gandhi
Tunisie-Tribune (lutte contre la pandémie de Corona) – Nous célébrons, le 2 octobre 2020, le 151e anniversairede la naissance de Mahatma Gandhi, alors même que la vie, nos vies,sont bien mises à mal, en ces temps difficiles de COVID. J’essaierai dans cet article d’analyser les problèmes de santé auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, en partant d’une perspective gandhienne et en montrant la pertinence de sa philosophie de la vie à l’époque du COVID.
Nous vivons à une époque où nous sommes prêts à sacrifier notre santé pour rester en tête dans la « Foire d’Empoigne », ou bien si vous préférez, dans la « Course desRats» (ang : Rat Race) et pour acquérir des profits matériels et des avoirs bancaires, et ce d’abord, au détriment de notre santé. Mahatma Gandhi a compris ce difficile rapport, lui qui estimait qu’une bonne santé physique et mentale était d’une importance primordiale pour tout être humain. Il professait un équilibre entre travail et vie personnelle et s’y conformait absolument dans sa vie quotidienne. N’était-il pas l’auteur du fameux précepte :«Ma vie est mon message » ?. Une promenade matinet soir, une alimentation équilibrée,accompagnées de prière, de jeûne et de méditation, faisaient en effet, partie de sa routine quotidienne. En ces temps de pandémie de Corona, nous nous souvenonségalement de l’accent qu’il mettait sur la propreté et l’hygiène. Il disait : «Nous ne pouvons pas plus obtenir la bénédiction de Dieu avec un corps souillé qu’avec un esprit impur», et plus concrètement : «Personne ne devrait cracher ou se nettoyer le nez dans les rues. Dans certains cas, les expectorations sont si nocives que les germes en sont transportés et infectent d’autres ». Cette réflexion simple de Mahatma Gandhi a donné lieu à la campagne « Swaccha Bharat » (Inde Propre) du gouvernement dirigé par le Premier Ministre Modi, pour rendre l’Inde propre et visuellement attractive et pour réduire le fardeau que font peser les maladies sur l’économie.
Partisande la modération et rejetant toute forme de suralimentation, Mahatma Gandhi disaitceci : «Le corps n’a jamais été conçu pour être traité comme une poubelle, devant supporter tous les aliments dont le palais est féru ». Il a expérimenté différents régimes, y compris celui végétalien auquel il s’est adonné pendant 6 ans et affirmait ceci « Il ne faut pas vivre pour manger, boire et être joyeux, mais manger et boire pour faire des corps des temples de Dieu et les utiliser au service de l’homme ».Il s’est essayé aux aliments dont il pensait qu’ils lui donnaientde la force et s’est éloigné de ceuxqui le rendaient faible, aboutissant de fait au végétarisme, au contrôle des portions, mangeant des légumes à feuilles et évitant les condiments. La pensée médicale moderne adepuis,consacré les préceptes d’une alimentation équilibrée, basée sur des portions allégées, qui inclut la consommation de fruits et légumes frais et de saison et renonce auxaliments transformés, frits et épicéset autres sucreries.Il croyait également au jeûne comme moyen de désintoxiquer le corps, brûler les dépôts graisseux,nettoyer l’estomac, éliminer les toxines et ainsi se protéger contre les infections.
Mahatma Gandhi a également écrit un livre intituléKey to Health(Clés pour une bonne santé) : pour lui, une personne en bonne santé est une personne dont le corps est exempt de pathologies et quiest capable de s’adonner à ses activités normales sans être épuisée. Mahatma Gandhi croyait au pouvoir de la méditation comme moyen d’accès à une bonne santé mentale. On sait de lui qu’il disait souvent : « J’ai tellement à faire aujourd’hui que je dois méditer pendant deux heures au lieu d’une ». La science a prouvé que la méditation réduit le stress, abaisse la tension artérielle et aide à surmonter les troubles anxieux. Mahatma Gandhi a également prêché l’abstinencecomplète en matière de tabac et d’alcool –pour des raisons évidentes que nous n’avons nul besoin de développer. Les effets néfastes de l’alcool et du tabac sur le corps humain ont fait l’objet de multiples études et sont aujourd’hui solidement établis.
Mahatma Gandhi était une personne compatissante par nature. Sa vie est jalonnée de multiples circonstances où il dispensa des soins médicaux aux gens. Pendant qu’il était en Afrique du Sud, ses contributions pendant la guerre des Boers dans le cadre de l’Indian Ambulance Corps (1899), pendant la rébellion zoulou dans le cadre de l’Indian Stretcher Bearer Corps (1906), le rôle qu’il assumélors de l’épidémie de peste et les soins qu’il a prodigués aux malades de la lèpre sont bien connus. C’est lui qui a déclenché la sonnette d’alarme à Johannesburg (1904) quant aux conditions insalubres dans lesquelles vivait la communauté indienne, en raison des négligences des autorités. Plus tard, pendant la pandémie de grippe espagnole (1918), Mahatma Gandhi a transformé son Ashram de Sabarmati en centre de quarantaine et a traité et servi les patients, leur a fourni une alimentation végétarienne saine pour renforcer leur immunité et veillé à la distanciation physique entre les personnes. Avec sa femme Kasturba, il s’est également occupé des familles des patients.
Mahatma Gandhi disait :« En matière d’amélioration de la santé, toute inaction est un péché ».Cela devrait nous inciter ànous maintenir en bonne santé en faisant de l’exercice régulièrement,en se couchant à l’heure due et en renforçant notreimmunité par une alimentation saine, qui reste la meilleure défense contre le COVID. La pandémie de COVID a également mis en évidence la nécessité pour nous d’être respectueux envers ceux qui souffrent de maladie. Il disait souvent : « Je n’ai jamais compris comment des êtres humains peuvent continuer à se respectereux-mêmes alors même qu’ils humilient d’autres êtres humains ». Il savait que chaque petit détail comptait : « Tout ce que vous faites dans la vie, quelque insignifiant qu’il soit,est très important,parce que personne d’autre ne le ferait à votre place ». Ces mots sont de nature à nous apprendre la valeur de la responsabilité sociale et la nécessité d’avoir uneattitude compatissante envers les malades, sachant que la maladie peut toucher n’importe qui.
Les vertus gandhiennes ont été éprouvées par le temps et s’avèrent encore plus pertinentes au moment où le monde est confronté à un triple défi : le COVID, les maladies transmissibles et non transmissibles existantes, et la malnutrition et la pauvreté. Sa philosophie nous exhorte à œuvrer en vue de changer les choses. Le changement a toujours suscité des appréhensions car il nous induit à renoncer ànotre zone de confort, à instaurer de nouvelles habitudes et à abandonner les modes de pensée usés par le temps. Mais une réflexion sur les éléments essentiels de sa philosophie peut nous insuffler l’énergie nécessaire en vue de faire le premier pas vers une vie saine.